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L'ÉMIGRATION INDIENNE

Comme on Chine, comme au Japon, la question de rémigration est devenue aux Indes, depuis quelques années surtout, l'un des grands problèmes économiques et politiques. Économiques, car il faut chercher un remède au chômage et à la sous-alimentation, sur cette terre traditionnelle de famine, où le grouillement humain atteint, dans les plaines alluviales, une prodigieuse densité, et où le développement du machinisme occidental, tout en ouvrant de nombreux débouchés, a laissé beaucoup de main-d'œuvre sans travail. Politiques, car les barrières légales qui peu à peu enferment chez eux les peuples de l'Asie se sont resserrées également sur les Indes ; le préjugé de couleur barre à l'Indien, comme au Jaune, l'accès de presque toutes les terres où il voudrait chercher son pain. La partie agissante de l'opinion indienne s'en émeut : il suffit d'ouvrir un journal indien pour se rendre compte de l'importance du sujet. Il n'est pas de Congrès national où la question ne soit débattue. Il n'y a pas de discours du Vice-Roi, à l'ouverture des Chambres, qui n'exprime l'espoir d'un accord en vue de la solution du problème. La plupart des groupements politiques ou sociaux des Indes ont inscrit la question à leur programme. La grande société des « Serviteurs de l'Inde », formée par la réunion de quelques Indiens soumis à une règle et à des vœux monastiques dont le premier est de consacrer son existence au salut du pays, propose à ses membres le problème de l'émigration comme l'un de ses principaux objets d'études : son Président, Srinivasa Sastri, partage une grande partie de son temps, depuis plusieurs années, entre les dominions britanniques, où il étudie les conditions de l'immigration. La plupart des chefs politiques ont attaché leur nom à la question. Gandhi avait acquis, avant la guerre, sa célébrité en Afrique du Sud, par une campagne politique où la question de l'immigration indienne était débattue, et qui avait abouti à un arrangement avec le général Smuts. Les meetings pour discuter du problème, et pour protester contre sa solution actuelle, se multiplient. L'Indien s'inquiète de se voir encerclé dans sa péninsule.

I - L'opinion indienne et l'émigration

L'émigration des « indentured » et son interdiction par le Gouvernement des Indes

Gouvernement des Indes. — La question de l'émigration ne s'était pas toujours posée, il est vrai, de la même façon. Durant tout le xixe siècle, l'opinion publique, loin de s'indigner des restrictions à l'exode, se