NOTES
Pointes foliacées moustériennes dans le Midi de la France (Baume Bonne, Quinson,
Basses-Alpes).
En 1949, l'un de nous (Bernard Bottet), proposait le terme de Quinsonien pour désigner une industrie de type moustérien, comportant des pointes foliacées, qu'il avait découvertes dans le gisement de la Baume Bonne à Quinson (Basses-Alpes). Depuis, des opinions nombreuses et diverses furent émises à ce sujet1. Parmi les pointes foliacées découvertes jusqu'à présent, deux d'entre elles avaient été découvertes en surface du gisement (nos 2 et 4). Les deux autres (nos 1 et 3) avaient été trouvées, au centre de l'abri, à proximité l'une de l'autre, sous les couches à cailloutis cryoclastique du Wiïrm II. Cette zone ayant été très remuée par les terriers, il était très difficile de séparer les dépôts en place des dépôts remaniés. Le niveau exact dans lequel avaient été trouvées ces pièces n'était donc pas déterminable et toute datation n'était donnée qu'à titre d'hypothèse. La découverte, au cours de notre campagne d'août 1960, d'une très belle pointe foliacée (fig. 3, n° 5) dans une couche intacte, consolidée en brèche, nous permet d'être aujourd'hui plus précis.
Position stratigraphique du niveau à pointes foliacées
Avant de situer le niveau moustérien à pointes foliacées de la Baume Bonne dans le cadre chronologique du Quaternaire, rappelons
(1) H. Alimen, 1949; B. Bottet, 1956 a et b; B. et. B. Bottet, 1949 et 1951 ; F. Bourdier, 1957 ; H. Breuil et R. Lantier, 1959 ; Dr Cheynier, 1956 ; J. Combier, 1957 ; G. Laplace, 1959 ; H. de Lumley et B. Bottet, 1960 ; D de Sonneville-Bordes, 1954 ; L. Zotz, 1959.
(2) H de Lumley et B. Bottet, 1960.
(3) H. de Lumley et B. Bottet, 1960.
(4) Nous utilisons le cadre chronologique proposé par F. Bordes. Notre Wûrm II correspond donc à la deuxième partie du Wùrm I de la chronologie Soergel et Zeuner ; il est antérieur à l'interstade de « Gottweig ».
brièvement la stratigraphie de ce gisement. Nous avons pu subdiviser le remplissage de la Baume Bonne2 en six ensembles de couches correspondant à des périodes froides (galets craquelés par le gel). Ces ensembles de couches sont séparés par des sols d'altération, des croûtes de Fer et de Manganèse ou des planchers stalagmitiques formés sous des climats chauds ou tempérés. Le premier ensemble, peu décalcifié, est constitué par un cailloutis à matrice sablo-limoneuse ; les deuxième et troisième ensembles constitués de sables limoneux sont décalcifiés ; le quatrième ensemble, également décalcifié, contient principalement des sables limoneux noirâtres. Les deux derniers ensembles, cinq et six, peu ou pas décalcifiés, où dominent les cailloutis gélivés, sont consolidés en brèche. Nous avons précisé dans une étude précédente3, que les trois premiers ensembles pouvaient être datés de l'avant-dernière glaciation ; ils correspondraient aux trois phases du Riss. Les trois derniers ensembles dateraient des trois premières phases du Wûrm. La pointe foliacée découverte en place en 1960, provient de la base du cinquième ensemble (couche s, zone 0 4), c'est-à-dire de la base du Wûrm II4. Notre coupe (fig. 1) passant par le point où fut découvert cette pièce précise sa position stratigraphique. Elle montre, dans la zone 0 4, que les niveaux du Wùrm I ont été ravinés ; ainsi les couches gélivées et
