LE PUITS GALLO-ROMAIN N° 37 A DOURGES (Pas-de-Calais)
par Pierre DEMOLON et Marie TUFFREAU-LIBRE
Depuis près d'un siècle, les terroirs de Noyelles-Godault et de Dourges, entre Arras et Lille, ont livré de nombreux vestiges de la période gallo-romaine1. Mais ce n'est qu'en 1963 que des fouilles méthodiques furent entreprises2. Elles étaient devenues nécessaires à la suite de l'extension d'une exploitation de terre à briques d'une part, et d'un terril d'autre part. Elles ont permis d'explorer, en une dizaine d'années, une petite partie (4 ha) de ce qui était un vicus. Ce vicus s'étend sur une soixantaine d'hectares, à proximité d'anciens marais. C'est dans les environs immédiats que l'on fait généralement passer la voie romaine qui va d'Arras
1 L. Dancoisne, Découvertes de tombeaux (jallo- romains à Noyelles-Godault, dans Bull. Commis, des Antiquités du Pas-de-Calais, III, 1869-1874, p. 28-29. — A. Terninck. Nouvelles découvertes à Noyelles- Godault, ibid., V, 1879-1884, p. 344. — A. de Loisne, Lampe chrétienne de Noyelles-Godault, dans Bull, soc. des Antiquaires de France, 1908, p. 86-89. — A. de Loisne, Notice sur les figurines et verreries gallo- romaines découvertes à Noyelles-Godault, Sallaumines et Sainte-Catherine, dans Bull. Commis, départ, des Monuments historiques du Pas-de-Calais, III, 1913, p. 298-304.
2 E. Will, Informations archéologiques, dans Gallia, XXI, 1963, p. 338-339, 2 fig. — Gh. Pif/iri, Informations archéologiques, dans Gallia, XXIX, 1971, p. 230-231, 1, fig. ;Gallia, 31, 1973, p. 320-321. — P. Demolon, Fouilles de Noyelles-Godaull Dourges, dans Septentrion, III, 1973, p. 80-81, 1 fig. — A. Leduque, Recherches lopo-hislonques sur V Alrébatie, Lille, 1966, p. 79-80.
à Tournai3, en un lieu qui s'appelle aujourd'hui le Vieux chemin de Tournai. Le long de cette voie supposée et aux alentours du vicus, les implantations gallo-romaines sont nombreuses. Une villa et un cimetière du Ier siècle4 ont été fouillés récemment à quelques centaines de mètres au sud. A l'époque de fondation du village (période augustéenne^, le vicus semble n'avoir qu'une fonction agricole. Les habitats, vastes à l'origine, sont remplacés dès le milieu du Ier siècle par des habitations de plus petites dimensions groupées autour de ce qui semble être une place de marché. L'extension maximale est atteinte au ine siècle, époque où les activités sont diversifiées (fours de potiers, ateliers de travail du fer). L'essentiel du village est détruit par les premières invasions (270-280). Réorganisé et de nouveau en pleine expansion à l'époque de Constantin, il disparaît néanmoins au ve siècle. Le puits n° 37, inscrit dans ce contexte, fait partie des structures les plus anciennes. Il se situe à environ 80 m au sud des habitations d'époque contemporaine. Rien, aux alentours immédiats, ne permet de pressentir la présence d'un puits particulier (pas de fossés, ni trous de poteaux, ni structure spéciale).
3 P. Lkman, Les voies romaines de Bouvines, D.E.S., Lille, 1960, 32 p., 9 fig., 7 pi. h. -t.
4 J.-M. Bastien et P. Demolon, Villa et cimetière du Ier siècle ap. J.-C. à Noyelles-Godaull (Pas-de- Calais), dans Septentrion, V, 1975, 36 p., 25 fig., 1 pi.
Galha, 34, 1976.
