LES SIGILLÉES PALÉOCHRÉTIENNES GRISES ET ORANGÉES

par Jacqueline RIGOIR

Détermination et filiation

Nous avons réuni sous la dénomination de « sigillées paléochrétiennes grises et orangées » un ensemble cohérent de productions de vaisselle en céramique jusqu'alors dénommée « wisigothique » ou « estampée ». Ce sont des poteries de bonne qualité, en terre fine, fabriquées au tour ; leur couleur varie de l'ocre jaune au gris plus ou moins foncé. Unies ou décorées au poinçon de motifs stylisés ou purement géométriques complétés de zones guillochées, ces productions sont diffusées sur tout le pourtour du bassin méditerranéen à partir de fabriques principales, vraisemblablement localisées dans le tiers méridional de la France, dont l'activité débute à la fin du ive siècle après J.-C, se poursuit durant tout le ve siècle et, au delà, pendant une durée difficile à préciser. Malgré la multiplicité des centres de fabrication, les variations de couleurs, les différences de style dans la forme et le décor, un ensemble de caractéristiques communes nous permet de les étudier dans leur ensemble.

L'appellation de « wisigothique » est aujourd'hui généralement abandonnée. Déchelette la choisit, en 19041, en raison de l'apparente coïncidence de son aire de répartition avec les territoires occupés par les Wisigoths et en raison de l'existence de décors géométriques comparables sur les céramiques utilitaires des régions danubiennes au 11e siècle. Les éléments réunis depuis nous permettent de situer le début de ces productions — malgré les variations de datation qui leur sont attribuées — au moins un quart de siècle avant l'arrivée des Wisigoths2 et de noter qu'elles se répandent largement en dehors des provinces qu'ils ont contrôlées. On ne peut, de plus, attribuer une origine géographique ou ethnique précise au décor stylisé, qui apparaît chaque fois que ses utilisateurs échappent aux règles du classicisme. Il commence à remplacer les représentations réalistes sur les sigillées tardives (particulièrement celles d'Argonne et la sigillée hispanique) et figure en abondance sur la « sigillée claire D », dont l'existence est indiscutablement antérieure aux sigillées paléo-