La visite d'Alexandre le Grand à Ilion / Troie1
Gilles Courtieu Université Jean Moulin-Lyon 3
Rien de ce qui a été réalisé ne peut être l'objet d'un choix; par exemple, personne ne se propose d'avoir pillé la ville d'Ilion.
Aristote, Éthique à Nicomaque VI 2, 62
Au printemps 334, Alexandre de Macédoine franchit les Dardanelles avec son armée et il amorce ainsi la conquête de l'Empire perse dans un élan qui l'amènera aux confins de l'Inde et de l'Asie Centrale. Cette traversée et ce débarquement sont le souvent présentés ainsi, comme un simple prélude à des aventures extraordinaires. La présente étude portera essentiellement sur l'étape d'Ilion, soit quelques journées, et sur la portée du séjour sur le reste de la conquête et la vie future de la cité d'Ilion.
Synopsis
Puisque cette étude ne traitera en détail que des faits se déroulant dans la ville d'Ilion, il est utile de présenter la trame des événements dans un cadre plus vaste, celui des Dardanelles et de la Troade 3 :
Alexandre laisse la masse de son armée traverser le détroit des Dardanelles entre Sestos et Abydos, tandis qu'il effectue le même mouvement plus au sud, d'Elaous au supposé «Port des Achéens» de V Iliade, suivi
1. Je tiens à remercier Mette Tjell pour son soutien, lointain mais constant, lors la rédaction de cet article et Elisabeth Bezault pour la traduction de la notice du musée de Madrid.
2. Aristote, Ethique de Nicomaque, (trad. J. Voilquin), Paris, 1965.
3. Ces aspects (notamment le problème des rites héroïques) feront l'objet d'un examen ultérieur, selon les mêmes principes.
Gaia8, 2004, p. 123-157. 123