De la clôture textuelle à la clôture iconographique : reflets fragmentaires et écarts sémantiques dans des suites gravées du second XVIIIe siècle
Christina IONESCU Dans l’édition de luxe de Paul et Virginie publiée en 1806 par Pierre Didot l’Aîné et accompagnée d’une somptueuse suite gravée, la dernière image représente les tombeaux des six personnages principaux ainsi que le squelette de Fidèle, chien qui porte bien son nom, mort de douleur auprès de ses maîtres [ Fig. 1]. Au cours d’un long préambule ajouté à cette édition, Bernardin de Saint-Pierre fournit une ekphrasis de cette estampe qu’il déclare «mélancolique et touchante » , description poétique d’un grand intérêt qui, au début, précise son cadre et identifie ses composantes :
[ La gravure] représente une allée de bamboux qui conduit vers la mer ; elle est éclairée par les derniers rayons du soleil couchant : on apperçoit, entre quatre gerbes de ces bamboux, trois tombes rustiques sur lesquelles sont écrits, deux à deux, les noms de la Tour et de Marguerite, de Virginie et de Paul, de Marie et de Domingue1.
1 Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, «Préambule » , Paul et Virginie, Paris, Imprimerie de P. Didot l’Aîné, 1806, pp. L et XLVIII-XLIX.