QUAND LES JEUNES FORMÉS AU NIVEAU CAP-BEP ABORDENT LA VIE ACTIVE DANS LES RÉGIONS
par Jean Biret
On sait que les liens existant entre type d'activité économique et type d'emploi entraînent
une disparité régionale du système d'emploi. On peutsupposer que ce n'est pas
sans effets sur les sorties des jeunes de l'appareil éducatif et sur leur insertion.
Une enquête effectuée en 1980 auprès des jeunes formés au niveau CAP-BEP
montre la diversité des conditions de leur entrée en activité selon les régions.
L'insertion des jeunes (entendue comme première confrontation à la vie active) s'inscrit dans un double mouvement de sortie du système éducatif et d'appel à la main-d'œuvre des entreprises sur lequel l'État s'efforce d'exercer une action régulatrice pour éviter les trop fortes tensions. Dans la période actuelle, marquée par des difficultés d'emploi, cette action peut viser à retarder l'entrée sur le marché du travail en facilitant le maintien dans l'appareil scolaire ou le départ au service national, à créer une zone intermédiaire entre la formation et l'emploi.
L'espace national du point de vue des structures socio- économiques, notamment de l'emploi et de la formation présente des inégalités importantes, c'est là un fait relativement connu (1), mais ce qui l'est sans doute moins c'est l'articulation entre les deux phénomènes (2). Si, à travers l'étude de l'insertion des jeunes sortis de l'appareil scolaire au niveau V (CAP-BEP), nous ne prétendons pas résoudre l'ensemble du problème posé, nous pensons qu'il est indispensable de nous situer dans cette problématique pour donner toute sa signification à l'analyse factuelle qui constitue la base de cet article. Nous nous efforcerons de montrer comment la diversité des sorties des jeunes de l'appareil de formation et des conditions de leur entrée en activité dans les régions est influencée par la différenciation de l'espace socio-économique.
* Les traitements informatiques et statistiques ont été réalisés par Michel-Henri Gensbittel.
(1) Panorama économique des régions françaises. Collections de l'INSEE R. 42-43, S. Mary, E. Turpin, Activités et régions. Dynamique d'une transformation, travaux et recherches de prospective, DATAR n° 75, mars 1978, La Documentation Française.
(2) Les relations formation-emploi : analyse des disparités régionales. Note CEREQ, mai 1982, J.P. Géhin, J. Lamoure. « Quand les jeunes sans formation abordent la vie active dans les régions » in Economie et statistique n° 134, mai-juin 1981, par F. Amat et J. Biret et dans Cahier de l'Observatoire national des entrées dans la vie active, L'insertion dans la vie active après la scolarité obligatoire, F. Amat, J. Biret, M.C. Combes, cahier n° 11, mars 1983, La Documentation Française.
Niveau VI : Sorties du premier cycle du second degré (sixième, cinquième, quatrième, troisième pratique) et des formations préprofessionnelles en un an (CEP, CPPN et CPA).
Niveau V bis : Sorties de troisième et des classes du second cycle court avant l'année terminale.
Niveau V : Sorties de l'année terminale des cycles courts pro* fessionneb (CAP-BEP) et abandons de la scolarité du second cycle long avant la classe terminale.
Niveau IV : Sorties des classes terminales du second cycle long et abandons des scolarisations post-baccalauréat avant d'atteindre le niveau III.
Niveau III : Sorties avec un diplôme de niveau bac plus deux ans (DUT, BTS, instituteurs, DEUG, écoles de Santé). >
Niveaux II et I .* Sorties avec un diplôme de second ou troisième cycle universitaire, ou un diplôme de grande école* .
Source : Bilan Emploi-Formation 1977 - Collections de l'INSEE 78.0.
Les jeunes dont nous allons étudier l'entrée dans la vie active ont reçu une formation de niveau V et viennent des filières CAP et BEP (cf. encadré) soit après une classe de cinquième pour le CAP, soit après une classe de troisième pour le BEP ; tous ont accompli un cycle de formation professionnelle (sanctionné ou non par un diplôme) conduisant normalement à des emplois d'ouvriers ou d'employés qualifiés (3). A l'issue de l'année
(3) D'autres jeunes peuvent acquérir le niveau V de formation par la voie de l'apprentissage (le flux annuel d'apprentis en 1979 était de l'ordre de 100000). Précisons que les jeunes abandonnant au cours de la première ou de la deuxième année du 2*inc cycle sont également considérés comme formés au niveau V.
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