LA POPULATION ACTIVE SELON LES DIPLOMES ET LES SECTEURS D'ACTIVITÉ

par Dominique Menu avec la collaboration de Martine Môbus

La proportion des diplômés dans la population active est en augmentation constante.

Les actifs diplômés sont très inégalement répartis dans les secteurs de l'économie.

Or, on constate que, sur une vingtaine d'années, le sens de cette répartition ne s'est pas modifié.

L'administration absorbe toujours davantage de diplômés,

les non-diplômés sont toujours concentrés dans l'agriculture et,

entre ces extrêmes, les différents secteurs industriels et tertiaires

occupent les mêmes positions relatives.

L'effort de formation et, notamment de formation professionnelle, est présenté depuis 10-15 ans comme une priorité majeure de la nation. Depuis quelques années, l'effort de formation est même affiché comme l'une des conditions de la reconquête d'une compétitivité nouvelle de l'économie, et il est parfois jugé davantage prioritaire que l'effort d'épargne et d'investissement. Le modèle japonais et ses 80 ou 90 % de bacheliers par génération « interroge » la situation française où moins de 30 % de chaque génération parviennent au baccalauréat. Bien sûr, les comparaisons internationales sont difficiles mais la différence est quand même impressionnante... Au-delà des leitmotive de nombreux discours, quelle est la situation actuelle ?

Cet article se propose de fournir quelques informations sur la répartition de la population active selon ses diplômes et selon les secteurs d'activité où elle est occupée. Nous nous attacherons également à mettre en évidence les évolutions récentes ; sur la période 1975-1981, les évolutions, déjà observées les 10-15 années précédentes, semblent s'accélérer en raison de la place croissante prise par les jeunes davantage diplômés que leurs aînés. Enfin, les constats qui seront faits nous conduiront à formuler deux questions : la première, sur l'interprétation de l'évolution des taux d'activité féminins, la seconde, sur les modes de renouvellement de la population active. Il semble que les taux d'activité des femmes ont continué à augmenter pour toutes les classes d'âge inférieures à 50 ans, et qu'ils sont d'autant plus forts que les diplômes sont élevés. Au-delà des facteurs sociétaux, on peut se demander quelle est la responsabilité, dans cette croissance, de l'évolution des emplois et du travail ?

D'autre part, l'évolution de la répartition de la population par diplôme et par âge nous conduit à nous interroger sur la signification des retraits d'activité précoce, en raison notamment des procédures de mise en préretraite et sur le rôle que joue ou devrait jouer la formation continue, en particulier à l'égard des classes d'âges 30-45 ans qui ont maintenant une place centrale.

Quelques préalables

Que signifie le niveau de diplôme ?

Nous présenterons la répartition de la population active suivant les diplômes détenus ou, plus exactement, suivant les diplômes déclarés lors des enquêtes directes faites par l'INSEE auprès des ménages. U s'agit d'un critère formel, dont la saisie est délicate et qui ne permet pas de parler de façon exhaustive des qualifications de la population active. Sans trop nous attarder sur les questions méthodologiques, nous ferons quatre remarques.

— D'une part, le diplôme a une signification à multiples dimensions et on ne peut imaginer que la répartition de la population suivant les diplômes donne une image aussi objective que sa répartition par âge ou par région d'habitation. Le même diplôme peut avoir une signification très différente selon l'âge et l'emploi du titulaire.

— D'autre part, pour parler d'évolution du niveau de diplôme, il faut comparer plusieurs années, or on constate que les déclarations d'un même individu peuvent varier au cours de sa vie active, le plus souvent parce qu'il ajuste sa déclaration de diplôme à sa situation professionnelle. Les glissements les plus fréquents se

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