Dominique Clévenot

L’ornementation architecturale persane. Une esthétique de la transfiguration

Préambule : de Saint-Pierre-de-Cernières à Jérusalem

Une oeuvre de Georges Rousse servira de préambule à mon propos, une photo intitulée Saint-Pierre-de-Cernières, 1999, qui illustre avec des moyens très simples ce que l’on peut entendre par transfiguration de l’espace. Vidé de tout objet, l’atelier de l’artiste en Normandie a été entièrement peint de bleu, à l’exception du premier plan qui fonctionne alors comme cadre de l’image : un bleu soutenu et un bleu plus clair, séparés par ce qui apparaît sur la photo comme une ligne droite parfaitement horizontale. Cette simple partition, située au niveau précis où se trouve l’objectif photographique, crée une ligne d’horizon qui traverse l’espace intérieur de l’atelier. Si l’atelier, avec son sol, ses murs, sa porte, ses fenêtres, ses poutres et son escalier, ne disparaît pas, les deux zones bleues qui l’envahissent ouvrent l’espace intérieur à une autre dimension : celle d’un horizon marin, espace de contemplation. Cette oeuvre, nous dit Georges Rousse, est “ née de la découverte d’un lieu près de Tanger”. “ C’était un rocher face à la mer, précise-t-il, où les Marocains regardaient juste la lumière, si puissante, et la ligne d’horizon de la mer. À quoi songeaient-ils ? Peut-être était-ce une fascination pour la couleur”. Georges Rousse, Saint Pierre de Cernières, 1999. 119