SCIENCES DE L’HOMME ET SCIENCE DE DIEU

Martin Heidegger, Rudolf Bultmann et Georges Crespy ont terminé leur carrière ici-bas pendant l’année 1976. Ces trois hommes étaient bien différents les uns des autres par leur personnalité comme par leur œuvre, et cependant il me semble qu’une parenté profonde les réunit, qu’ils étaient mus dans leurs démarches par une même intuition fondamentale.

C’est porté par une vague d’espérance où je me sens d’une certaine manière redevable de ce qu’ils ont dit, et en hommage à leur mémoire, que je voudrais, de façon abrégée et en me tenant à quelques points de repère, m’interroger ici sur la possibilité d’échapper à l’alternative où semblent nous enfermer certaines controverses entre théologiens d’une part, et d’autre part historiens, sociologues, psychologues, politologues, etc, ceux-ci assurant que leurs approches permettent seules de compren¬ dre et de cerner le fait humain, et ceux-là estimant que seule la Révéla¬ tion est nécessaire pour la constitution d’une anthropologie, et qu’elle est suffisante ; ou encore, essayer de dire une parole non terroriste au milieu de ce dialogue de sourds auquel nous assistons entre chrétiens lisant les Ecritures, les uns dans les seules catégories profanes, les autres dans un fondamentalisme refusant tout décryptage du mythe. Au risque de cari¬ caturer, rappelons d’abord à quelles extrémités certaines positions scien¬ tifiques ou théologiques peuvent mener.

La revendication par les sciences de l’homme de leur autonomie est-elle possible ou admissible pour le théologien ? Il y a plusieurs sortes de discours théologiques qui excluent par principe cette autonomie.

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