OFFRE ET DEMANDE DE TRAVAIL
Allégements de charges sociales, coût du travail et emploi dans les modèles d'équilibre : enjeux et débats
Jean-Marc Germain*
* Jean-Marc Germain appartenait au bureau Emploi et Salaires de la direction de la Prévision quand il a écrit cet article.
L'auteur remercie Jean- Philippe Cotis, Antoine- Tristan Mocilnikar, Laurent Vemière, Henri Sneessens et les participants du Séminaire Fourgeaud du 21 décembre 1995 ainsi que le rapporteur anonyme.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d'article.
La politique d'allégement des prélèvements qui pèsent sur le travail est trop souvent analysée à travers le prisme étroit de l'entreprise. La baisse du coût du travail ne se traduit pas uniquement par des choix de techniques de production plus favorables à l'emploi. Les ajustements de prix, de salaires et de taux d'intérêt, et leurs conséquences sur la structure de la demande de biens et l'offre de capital, jouent un rôle tout aussi déterminant.
La prise en compte de l'ensemble de ces éléments, dans un cadre statique à deux facteurs de production et à prix flexibles, donne une vision plus riche des enchaînements de la relation entre le coût du travail et l'emploi. Notamment, les possibilités de substitution entre le capital et le travail apparaissent plus larges au niveau macroéconomique qu'au niveau microéconomique ; le financement par des prélèvements sur le capital peut annuler complètement les effets positifs sur l'emploi de l'allégement du coût du travail ; le mode de prélèvement des revenus du capital - au niveau de l'entreprise ou des ménages - a des conséquences fortes sur l'emploi, généralement plus favorables dans le cas d'une imposition des ménages.
Au-delà de ces enseignements généraux, l'analyse théorique permet d'isoler les paramètres clés pour quantifier les effets sur l'emploi d'un allégement de la fiscalité du travail. Les résultats empiriques sont relativement robustes pour une décomposition des facteurs de production en deux groupes, capital et travail. En revanche, en dépit d'avancées récentes, les comportements sont moins bien connus dès lors que l'on décompose le facteur travail en plusieurs catégories. Il en découle une large incertitude dans l'estimation de l'effet d'allégements de charges ciblés sur certaines catégories de salariés.
La politique d'allégement des charges sociales est-elle un moyen efficace de lutte contre le chômage ? Cette question est souvent ramenée à la possibilité de substituer du travail au capital dans les entreprises. Le raisonnement est le suivant : si les entreprises disposent de
marges de manœuvre technologiques autorisant différentes combinaisons productives, une baisse du coût du travail les incite à sélectionner celles qui sont riches en emploi. Si, en revanche, les techniques de production imposent des proportions fixes de capital et de travail, les
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 301-302, 1997 - 1/2
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