Bouleversements territoriaux

et migrations forcées

au XXème siècle en Pologne

Peu d'Etats ont subi autant de modifications de frontières que la Pologne. Le pays a connu son extension maximale au XlVème siècle. Sa superficie atteignait alors 1 140 000 km2, alors que trois siècles plus tard, elle apparaissait sous la forme d'un minuscule pays nommé le Grand- Duché de Varsovie instauré par le Traité de Paix de Tilsitt. Vers la fin du XVIIIème siècle la Pologne fut entièrement démembrée par ses puissants voisins. Entre temps, le pays avait été impliqué dans d'innombrables conflits frontaliers et d'épuisantes querelles monarchiques qui, tantôt, avaient permis d'acquérir des territoires et tantôt

avaient occasionné des pertes.

Au Moyen Age, la Pologne a assumé le rôle de rempart solide du monde catholique, en constituant un cordon sanitaire face aux invasions. A cette période, l'affrontement des intérêts contradictoires des monarques a entraîné la dissociation des frontières ethniques et politiques. Les Jagellons ont eu tendance à agrandir le pays vers l'Est, en absorbant les populations slaves avoisinan- tes. Simultanément, la poussée du «Drang nach Osten» pangermanique lui enlevait ses provinces historiquement les plus authentiques.

Le retour à la carte

La Pologne a retrouvé son indépendance le jour de la signature de l'armistice' de 1918. Pour la première fois, les trois puissances copartageantes se sont retrouvées dans les camps belligérants opposés. On peut dire que la renaissance de la Pologne a été le fruit de la chute des «trois aigles noirs». Elle devait sa liberté à l'écroulement de l'empire austro-hongrois, associé à la défaite de l'Allemagne, et au renversement du tsar de toutes les Russies.

L'application rigoureuse du sacro-saint principe des nationalités, figurant au treizième point de la déclaration au Congrès adoptée par les Alliés durant le Traité de Paix, rendait impossible le tracé des frontières linguistiques. Les cosignataires- constructeurs de la nouvelle Europe, voulant respecter les textes, ont décidé de tracer provisoirement des lignes de démarcation. La ville germanophone de Dantzig (Gdansk) est érigée en ville libre sous con-