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Malthus avait-il raison?

En 1798, paraît anonymement : «An Essay on the Principle of Population» qui bouleverse les thèses traditionnelles sur la croissance de la population. Celle-ci était considérée jusque-là comme un moyen de développer la puissance de l'Etat. « II n'est de richesse que d'hommes » (J. Bodin). La foi dans le progrès économique et social, considéré comme susceptible d'adapter - toutefois avec plus ou moins de bonheur - les ressources aux besoins était quasi générale. A cette attitude qualifiée de «populationniste», V Essay, œuvre d'un pasteur anglais Thomas Robert Malthus (1766-1834) opposait une tout autre théorie : au lieu de mettre l'accent sur les avantages du développement démographique et sur les possibilités des progrès techniques d'y faire face en accroissant les ressources disponibles, il brandissait la menace d'une catastrophe due aux disparités dans le rythme de croissance. Alors que la population devait croître en progression géométrique et doubler tous les vingt-cinq ans, les «subsistances» ne pouvaient augmenter qu'en progression arithmétique. Le monde serait donc condamné à plus ou moins brève échéance à la misère et à la famine. Tel est brièvement et grossièrement résumé le départ de cette réflexion.

Quelques chiffres accroissent la perplexité devant une telle affirmation. Il est vrai que la croissance de la population avait connu dès le 18e siècle dans nos contrées d'Europe occidentale un rythme soutenu, et que ce rythme est allé depuis en s 'accélérant sans cesse. D'après les recherches des spécialistes, on admet que la population mondiale devait atteindre 1 milliard d'habitants en 1850, 2 milliards un siècle plus tard, 4 milliards en 1975 et dépasse 5 milliards en 1987. Effrayante accélération!

Pourtant, si l'on fait une comparaison grossière avec l'augmentation d'un produit de première nécessité dans l'alimentation comme les céréales, les choses apparaissent plus complexes. En effet, depuis les années 40, l'accroissement de la population est passé de l'indice 100 à l'indice 233 en 1987. Or, la production des trois plus importantes céréales (blé, riz et maïs) a bondi de 100 à 348. Est-ce à dire que les craintes de Malthus étaient infondées, que l'avenir de la population mondiale est assuré et qu'il suffise de « laisser faire » ? Ce serait une vue bien simpliste de la situation réelle. J'envisagerai successivement deux séries de problèmes. Celui de la croissance démographique et celui du développement de l'uti-