LA QUESTION DES « TRANSFERTS »
DANS LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
EN EUROPE DE L'EST SOCIALISTE
A. POULIQUEN
INRA Economie, Montpellier
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Il semble impossible d'engager une analyse et un débat sur la question des « transferts » agriculture-industrie en Europe de l'Est sans la situer par rapport à un processus historique de développement industriel et agraire, bien défini dans le temps et spécifique quant à ses « lois » même si ceci conduit au rappel de certains faits bien connus.
Evitant ainsi de nous enfermer dans l'impasse habituelle d'une confrontation idéologique et abstraite sur « l'efficacité » et le « degré de rationalité » comparés des politiques agricoles à l'Est et à l'Ouest, à un moment donné (confrontation qui n'a selon moi aucun sens, aucun intérêt du point de vue de la recherche), nous ne pourrons cependant guère dépasser ici le stade d'un canevas très simplificateur et globaliste, ni exploiter les riches enseignements des différences nationales et régionales observées. Mais les annexes fournissent des indices quantitatifs illustrant (partiellement en termes d'ordre de grandeur) les processus étudiés.
L'industrialisation des sociétés et des économies est-européennes : un processus tardif, accéléré et auto-centré.
i L'Europe occidentale dans sa majeure partie a été la première zone géopolitique mondiale à se transformer en société industrielle. L'essentiel de l'accumulation industrielle primitive s'est réalisée au 19e siècle. Par contre, sauf dans une zone minoritaire (essentiellement RDA et Pays Tchèque), les sociétés est-européennes n'ont réalisé ce premier essor industriel massif qu'au milieu du 20e siècle.
Ce décalage historique a eu et a encore des implications Considérables en ce qui concerne les différences Est- Ouest dans la sphère rurale et la sphère agro-alimentaire et leurs rapports avec la société globale.
L'essor du capitalisme industriel en Europe de l'Ouest a été préparé par une longue maturation idéologico- politique. Elle a été économiquement facilitée de diverses
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