EVOLUTION ET PREVISIONS DE LA POPULATION AGRICOLE DES SIX PAYS
DU MARCHE COMMUN
par Michèle CICUREL
Economiste, à Kléber Colombes
Cette étude a été réalisée pour la CEE en 1966 par M. Droesch pour la partie enquêtes sociologiques, sous la direction de M. Lévesque, directeur de la SARES, et par moi-même pour la partie économétrique sous la direction de M. Bache- let, directeur du département SEMA Prévisions.
Méthodologie
On peut la décomposer en trois grandes parties :
— Dans une première étape, nous avons décomposé et évalué révolution de la population active agricole entre les deux derniers recensements disponibles, en deux parties : le mouvement démographique naturel, et les migrations professionnelles.
— Dans une seconde étape, nous avons élaboré pour chaque pays un modèle explicatif des migrations professionnelles dégageant quels avaient été les facteurs socio-économiques généraux ayant déterminé les départs des agriculteurs au cours de la période observée. Parallèlement une vingtaine d'enquêtes pyscho-sociologiaues ont été effectuées dans diverses régions types de la Communauté afin de dégager les facteurs socio-économiques généraux et particuliers à chaque région.
Nous avons recherché des liaisons statistiques dans le passé entre les pourcentages de départs dégagés pour les différentes tranches d'âges retenues et des indicateurs économiques, par des corrélations multiples en coupe instantanée, chaque région constituant une observation. On a ainsi mis en évidence d'une manière chiffrée le rôle de variables explicatives (revenu agricole, structure démographique, urbanisation, taille des exploitations, taux de mécanisation, niveau d'instruction professionnelle etc..) dans l'explication d'un phénomène, en l'occurence les départs de l'agriculture.
Cette méthode nous a conduit à l'ajustement pour les taux de départ de chaque classe d'âge, d'une formule du type : Y = ax1 + bx1 + dx3 + c +
où Y 1 est la variable à expliauer (les taux de départ d'une tranche d'âge dans chaque région), x 1x2x3 les variables explicatives, c une constante et un résidu de moyenne nulle.
On a ensuite, à partir des relations dégagées, et en supposant la permanence des caractères fondamentaux du phénomène étudié, prévu l'évo'ution des taux de départ en fonction de I évolution des facteurs explicatifs de ces départs.
— La troisième étape est celle de l'élaboration des prévisions de population active agricole. Prévision d'une part du mouvement naturel, d'autre part des migrations professionnelles, celles-ci étant déterminées par l'évolution des facteurs socio-économiques généraux dégagés par les modèles.
Nous avons élaboré ainsi des prévisions de population active agricole pour toutes les régions de la CEE, les enquêtes psycho-sociologiques réalisées dans 20 régions ont permis de corriger les résultats obtenus par la prise en compte des décisions de politiques économiques touchant des régions et qui n'auraient pas eu d'influence sur les facteurs explicatifs retenus par les modèles.
Ensuite les modèles ont été appliqués à l'ensemble des régions de la Communauté, les corrections à apporter aux prévisions pour tenir compte des facteurs socio-économiques non généraux ont été déterminées par comparaison avec les régions étudiées en tenant compte de l'expérience acquise dans les régions par enquête, et en tentant d'assimiler chaque région à un des grands types d'évolution économique suivant : régions typiquement agricoles, régions
ayant atteint un stade d'industralisation développée et des régions en voie de transformation.
Ecarts des prévisions à la réalité
Depuis que cette date a été réalisée, des recensements ont eu lieu en 1968 en France et en 1970 dans les autres pays de la Communauté.
Par souci d'homogénéité, nous avons comparé nos prévisions faites pour 1971 à une estimation de 1971 calculée en extrapolant le résultat des derniers recensements à 1971, ceci en supposant inchangés les taux de croissances annuels moyens observés lors des deux derniers recensements.
ECARTS ENTRE LA POPULATION PREVUE EN 1971,
ET LA POPULATION EXTRAPOLEE EN 1971
A PARTIR DU DERNIER RECENSEMENT
Les meilleures prévisions ont été réalisées pour la France et la Belgique. En ce qui concerne la France, nous avons pu confronter nos résultats avec les prévisions réalisées par l'INSEE et publiées dans les Etudes Statistiques, supplément trimestriel du Bulletin mensuel de Statist'que, juillet - septembre 1964, nouvelle série n° 3.
Il apparaît que tant pour les hommes que pour l'ensemble de la population agricole notre prévision était plus proche de la réalité que celle de l'INSEE.
Portée des modèles élaborés et réflexions sur leurs utilisations possibles
Les modèles élaborés Dour cette étude sont des outils de prévision dont l'objectif est d'expliquer le plus fort pourcentage pcssib e de la variance des départs. Ce sont des instruments de travail neutres prévoyant la population act've agricole, compte tenu de la structure démographique de cette population, de l'évolution prévue du revenu agr'cole, de la taille des familles, du taux d'urban'sation... Mais ce sont aussi :
des outils d'anaivse chiffrant les facteurs qui pour chaque pays, chaque région, chaque tranche d'âge, ont le plus d'influence sur l'évolution de la population agricole ;
des outils de comparaison, permettant de mesurer les différences entre les régions et leurs causes ; des outils de simulation permettant de mesurer les conséquences probables, sur l'évolution de la population active agricole, de telle ou telle mesure en rapport avec les facteurs explicatifs de cette évolution, permettant aussi de choisir, par région et par tranche d'âge, les mesures les plus adaptées pour améliorer ou freiner cette évolution.
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