1. La «stagnation du Japon» et la «modernité asiatique»

Pour repenser la question de la «modernisation du Japon » , thème de ce colloque, je voudrais me concentrer sur le Japon contemporain au lieu de me limiter à la période traditionnellement abordée, soit celle qui va de l’ère Meiji (1868-1912) aux années d’avant-guerre, ou encore celle de la haute croissance économique. La «modernisation du Japon » n’est pas une question révolue, elle a une portée à long terme, déterminant non seulement notre présent, mais aussi notre futur. Par ailleurs, l’angle d’attaque sous laquelle cette question est abordée varie en fonction des évolutions sociales dans lesquelles l’auteur se meut. En partant du Japon contemporain quelles idées nouvelles pouvonsnous apporter au sujet du Japon moderne ? C’est une question dont l’intérêt ne cède en rien à celles que se posaient les générations précédentes, en particulier les penseurs ou chercheurs d’avant-guerre et de l’immédiat après-guerre.

La stagnation du Japon

Examinons en premier lieu l’environnement social du Japon contemporain, celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Nous pouvons affirmer sans trop d’hésitations que nous vivons dans une société en «stagnation » . Les années 1990 furent désignées par l’expression «la décennie perdue » . Mais la situation n’a guère évolué depuis et de ce fait nous sommes en droit de parler de «deux décennies perdues » . Au classement du PIB par habitant, celui du Japon qui était un des plus élevés au monde en 1993 a brutalement chuté depuis les années 2000, et le Japon est tombé Quitter l’Occident, rejoindre l’Orient

Les «deux décennies perdues » dans l’évolution de la famille au Japon

Ebisu 44 | automne/ hiver 2010 | p. 185-204