Ebisu n° 40-41, Automne 2008 - Été 2009
LJlJ CORPS MORT VERS LA VIE
Le butô selon Hijikata
Christine GREINER
Université catholique de Sào Paulo
La danse butô M$& est née dans l' underground de Tokyo en 1959 avec le spectacle Kinjiki Sfe (Couleurs interdites) de Hijikata Tatsumi zh^fH. La naissance et la nature du butô tiennent essentiellement à la personne de Hijikata Tatsumi qui a disparu à l'âge de cinquante-huit ans en 1986. Il n'a pas modelé ses disciples à son image, mais a juste essayé de créer une méthodologie butô (le butô-fu M$&ffî) dans les années 1970. À cette époque, il avait arrêté de danser pour se dédier à l'enseignement et à la chorégraphie.
Hijikata n'employait pas le mot butô, mais buyô MM (danse en général) jusqu'aux années I960. Le terme ankoku butô Bg#lfiS§ apparaît pour la première fois en 1962, sur le tract publicitaire du spectacle Reda Santai V ^£i (Trois états de Leda). Ensuite on l'a revu sur les affiches d'Anma fok/iî. (Le Masseur) et de Bara iro dansu ^vfe^yx (Danse couleur rose) mais on ne reverra le mot butô qu'en juillet 1966, sur le programme du spectacle Tomato Y ~? h . Cela n'est pas un hasard. L'année 1 966 fut celle qui suivit le retour de Hijikata dans la région du Tôhoku à l'initiative du photographe Hosoe Eikô ftflilll^. Suite au voyage dans sa ville natale, Hijikata a commencé à travailler des références à la culture japonaise d'une manière plus explicite, mais pas du tout simpliste. C'est à ce moment qu'il a nommé le corps qui danse le butô « corps mort » ou « un cadavre qui danse ».
Hijikata cherchait son inspiration partout. Il a observé une poule sans tête qui continue à courir acéphale pendant quelques secondes, pour bien comprendre la possibilité du mouvement dans un corps sans cerveau. Il a étudié les caractéristiques propres au corps japonais (tronc long, jambes courtes et torses), la peinture occidentale (Bosch, Klimt, Wolz, Picasso,