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Transmettre en musique

[article]

Année 2013 173 pp. 140-142
Fait partie d'un numéro thématique : Culture et pratiques musicales
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P rofesseur depuis une dizaine d’années, j’accorde dans mon enseignement du français une très grande place aux découvertes culturelles et notamment à la musique car dans mon parcours d’individu et d’élève, ces rencontres avec l’art ont été constituantes, déterminantes, essentielles. Enfant, j’ai souvenir des disques et des programmes radiophoniques que mon père, grand amateur de chansons, écoutait. Dès l’âge de sept ans, ma mère m’inscrivit au Conservatoire de Montauban et bien que ce ne fût pas une grande réussite (le solfège m’effrayait, j’étais une pianiste médiocre et le talent des autres m’impressionnait tellement que j’en étais paralysée), elle avait ouvert une porte que je ne devais plus jamais refermer sur le monde de la musique, ses acteurs, ses recherches, ses partages, ses émotions.

D

Devenir une passeuse

J’eus, après, la chance de vivre mon adolescence, cette période de formations et de passions, baignée dans le milieu musical punk-rock-fusion de l’époque. Mon frère, mes amis avaient des groupes que nous suivions avec enthousiasme, nos sorties s’organisaient en fonction des offres des scènes locales, nos discussions tournaient presque exclusivement autour de ce que nous écoutions (Guns’n’Roses, Downset, Bodycount, Asian Dub Foundation, Silmarils, No One is Innocent…), nos émotions apprenaient à s’accompagner, et parfois même à se dire, en chansons et la musique devenait synonyme d’autonomie, de liberté, puisque nos parents confiants à l’idée de nous savoir occupés à des activités relativement saines, devenaient étonnamment permissifs… Ainsi, à 15 ans, j’eus par je ne sais quel miracle l’autorisation de me rendre avec deux amis majeurs au concert de Nirvana au Zénith de Toulouse! On était en février 1994, Kurt Cobain devait disparaître deux mois plus tard. Quelle claque ! Quel paroxysme d’émotions! Avec la témérité propre à l’adolescence, j’évoluais dans la fosse, jouais des coudes, sautais et vibrais en harmonie avec les corps moites de mes camarades, d’une salle entière, du monde, dans une espèce de transe bel et bien «nirvanesque » où le temps n’avait plus de prise! J’avais depuis longtemps compris que ma place n’était pas sur scène mais dans le public et j’eus la révélation que ma sensibilité, ma réceptivité étaient telles qu’il était nécessaire que je sois un lien, une intermédiaire, une passeuse entre l’art et les gens. Je ne pouvais pas me taire, il fallait que je dise au monde que la musique permettait d’accéder au Divin. Transmettre en musique

z Joanna LÉRÉNA-LARCHER

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