Autour d’un

café arménien

La rencontre d’un goût, le partage d’une expérience lasporigue

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auis-je t'offrir un café? Arménien ou ordinaire?» Telles sont les questions qui revenaient immanqua¬ blement au cours d'une série d'entretiens conduits auprès de membres de la communauté arménienne vivant au Québec, et portant sur le patrimoine domestique de la diaspora1. Si l'offre pouvait d’abord s'apparenter à de la politesse, il fallait rapidement y voir une proposition autre¬ ment plus riche. L'offre d'un café se muait en un véritable parcours initiatique durant lequel une aire commune de compréhension s'établissait peu à peu entre l'observateur et l'informateur.

Le café servi à cette occasion était de type oriental, plus généralement appelé «café à la turque». Apparue au début du xvie siècle dans les communautés soufies d'Aden et de la Mecque, la boisson se diffusa en moins de cent ans à l'échelle de l'Empire ottoman et à l'ensemble des couches de la population. Tant dans l'espace privé que dans les kahve-hane2, elle généra de nouvelles pratiques à travers les modalités techniques de la préparation, les habitudes ali¬ mentaires et les rituels de sociabilité. Qu’il s'agisse d'une situation d'hospitalité, lors d'une réunion familiale, dans le cadre de loisirs ou encore pour la conclusion d'une affaire, le breuvage fut adopté comme un geste incontournable des échanges. Sa consommation faisait même partie d'un véri¬ table art de vivre, compte tenu d'une part de la nature extrêmement codifiée des usages et, de l'autre, de la rela-

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