L’expression du pouvoir dans la correspondance de Cyprien : étude sémantique des noms en – tas Dialogues d’histoire ancienne 35/ 2 -2009, 133-162

DHA 35/ 2 -2009

Introduction

Si la correspondance de Cyprien constitue aujourd’hui un document historique précieux, c’est parce que ces lettres sont écrites pour de véritables destinataires : des individus, des membres du clergé, des petits groupes de quelques personnes, ou encore l’ensemble des membres d’une paroisse ou d’un diocèse, très souvent Carthage ; il est évident alors que ces missives remplissent le rôle de circulaires et qu’elles sont destinées surtout à être lues en chaire ; aussi, comme le remarquent justement R. Martin et J. Gaillard, «elles appartiennent autant au genre épistolaire qu’au genre oratoire » 1.

Or, cette correspondance prend place dans un contexte troublé et difficile pour le christianisme antique : Cyprien commence la rédaction de ses lettres pendant la persécution de Dèce en 249-250 2 ; les chrétiens sont alors contraints par le pouvoir de sacrifier aux dieux et à l’Empereur. On assiste au cours de la période qui suit cette persécution au morcellement du peuple chrétien : certains refusant la soumission sont emprisonnés, torturés et très souvent mis à mort ; d’autres trouvent leur salut en se cachant ou en fuyant (c’est le cas, en 250, de Cyprien qui, dans ses lettres, justifie son

Claude Brunet*