Contre-jour
u cours des derniers mois, les signes d’une incapacité des pouvoirs publics tchèques à réagir à certains signaux se sont multipliés : la police et la justice tergiversent pour savoir s’il faut inculper (et comment) les membres des groupes d’extrême-droite qui pratiquent le salut nazi ; un éditeur vient de publier sans encombre une troisième traduction (d’une qualité exécrable) de Mein Kampf, sans l’assortir d’aucun commentaire, sous prétexte qu’il va également faire paraître sous une forme aussi dépouillée des textes de Karl Marx ! Sans parler de la question tsigane, symbolisée par le mur que la municipalité d’Usti-nad-Labem avait élevé pour séparer le quartier tsigane du quartier «blanc » et qui fut finalement démoli sur décision du gouvernement et du Parlement. S’agit-il d’épiphénomènes marginaux du post-communisme ? D’une faculté d’oubli propre à nos sociétés abreuvées d’informations ? D’une atonie civique consécutive au choc de 1989 ? Ou tout simplement d’une ignorance, comme si la volonté de se débarrasser du souvenir du communisme avait tout balayé ? Les Occidentaux seraient mal venus de se présenter en donneurs de leçons, un genre de moins en moins bien supporté depuis quelque temps en Europe centrale, et pourtant régulièrement subi à travers les rapports d’évaluation de la Commission de l’Union européenne et d’autres organisations internationales. Mais il serait dangereux de ne pas ouvrir le débat, le cas tchèque étant probablement emblématique non seulement de l’Europe centrale, mais de l’ensemble de l’Europe. L’ «affaire Haider » a été à cet égard un extraordinaire révélateur, tant sur le plan interne que dans les rapports avec le monde extérieur.
Une image complexe
La République tchèque s’est très vite jointe aux mesures d’isolement diplomatique de l’Autriche prises par les quatorze autres membres de l’Union européenne quelques jours à peine après leur proclamation. Mais comment l’opinion publique a-t-elle compris la «crise autrichienne » et y a-t-elle réagi ? Si les protestations de la rue ont été très faibles, l’ensemble de la presse a consacré une place importante L’affaire Haider vue de Prague
Un révélateur du malaise tchèque par Antoine Marès a