COMMUNICATION
l’herméneutique de proclus et la constitution d’un système théologique dans la théologie platonicienne,
par m. philippe hoffmann, correspondant français de l’académie
La Théologie platonicienne de Proclus de Lycie (né en 412 et mort en 485), accessible dans la grande édition de la Collection des Universités de France par les soins de Leendert Gerrit Westerink et Henri Dominique Saffrey1, est une oeuvre unique dans le néoplatonisme post-plotinien, et réalise dans l’histoire de la philosophie – avec son pendant, les Éléments de Théologie – une ambition majeure : la constitution, en un système scientifique, d’une véritable «somme » de la théologie enseignée, plusieurs siècles auparavant, par Platon. Je voudrais, dans cette communication, étudier les procédures herméneutiques à l’aide desquelles Proclus construit cette science théologique2, en précisant le contenu de cette
1. L. G. Westerink, H. D. Saffrey, Proclus. Théologie platonicienne (Collection des Universités de France), 6 vol., Paris, 1968-1997. Ces divers volumes sont précédés d’Introductions magistrales, et l’on se reportera en particulier, pour les questions traitées dans cette communication, à l’Introduction du Livre I (CUF, 1968), spéc. p. lxvii-lxxv et p. clxix-clxxix (Analyse de l’argument) ; les traductions citées seront tirées de cette édition. – Alors que ce texte était sous presse, est survenue l’annonce du décès du P. Henri Dominique Saffrey (1921-2021) à la mémoire duquel sont dédiées ces pages. 2. La présente communication, au cours de laquelle je me permettrai de renvoyer à certains de mes propres travaux, s’inscrit aussi dans un programme de recherche du Laboratoire d’études sur
les monothéismes (UMR 8584, CNRS-EPHE, PSL) et dans un projet de recherche collectif soutenu par le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) du Canada, en association avec l’École pratique des Hautes Études (PSL), Raison et révélation. L’héritage critique de l’Antiquité. Un colloque, La naissance de la théologie comme science, s’est tenu à Paris du 23 au 25 septembre 2019, au cours duquel une communication plus générale a été donnée par Marc-Antoine Gavray (FNRS, Liège) et moi-même, en voie de publication sous le titre «Modes d’exposition de la théologie dans le néoplatonisme athénien (Proclus, Damascius, Simplicius) » , in L’esprit critique
dans l’Antiquité. Tome 2 : La naissance de la théologie comme science, O. Boulnois, Ph. Hoffmann, C. Lafleur et J.-M. Narbonne éd., Paris. Les deux communications se complètent, et tentent d’élucider un aspect de l’émergence de la théologie comme science, en référence à une étude majeure de H. D. Saffrey, «Les débuts de la théologie comme science (iiie-vie siècle) » , Revue des
Sciences philosophiques et théologiques 80, 1996, p. 201-220 (repris dans H. D. Saffrey, Le néoplatonisme après Plotin [ Histoire des doctrines de l’Antiquité classique, 24], Paris, 2000, p. 219-238), qui se référait lui-même à l’ouvrage de M.-D. Chenu, La théologie comme science au xiii e siècle, Paris 1957. Sur le thème de la théologie comme science dans le contexte général de
