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L'ÉCOLE FRANÇAISE

D'EXTRÊME-ORIENT À L'AUBE

DU XXIe SIÈCLE

PAR

M. JEAN-PIERRE DREGE

Après les évocations du passé de l'École française d'Extrême- Orient, de l'œuvre accomplie depuis cent ans et de quelques unes de ses grandes figures, aborder le siècle qui attend cette vénérable institution relève de la gageure. En fixer les orientations à long terme, alors que le rythme des réformes et des bouleversements de tous ordres en France ou en Asie s'accélère, ferait montre d'une prétention insensée. C'est pourquoi, je me résous, à partir de la situation présente, à envisager quelques pistes et, à l'inverse de Louis Malleret, lors des discours qu'il prononça à l'occasion du cinquantenaire de l'Ecole en une période troublée, je n'apporterai pas tant des certitudes que des espérances.

Depuis sa fondation, l'École française d'Extrême-Orient a été amenée à se transformer profondément, à la fois sous le poids des conditions politiques, mais aussi en réponse à l'évolution des savoirs, des méthodologies comme des problématiques. Pendant cinquante ans, relevant du Gouvernement général de l'Indochine tout en étant placée sous le contrôle de l'Académie des Inscriptions et Belles -Lettres, l'Ecole a eu à jouer le rôle qui lui fut confié dès ses débuts, c'est-à-dire l'exploration archéologique et philologique de l'Indochine, l'étude érudite des régions et des civilisations voisines, l'enseignement et la formation méthodologique de jeunes chercheurs, la création de bibliothèques et de musées.

Au cours des cinq premières décennies de son existence, l'École s'est acquittée de ces tâches en réunissant des fonds documentaires de près de cent mille volumes, de vingt-cinq mille estampages et d'autant de clichés photographiques, en assurant la gestion scientifique de neuf musées dont plusieurs sont devenus depuis des musées nationaux.

Pendant cette période et celle qui a suivi, les résultats des travaux de ses membres et de leurs collègues ont été publiés dans