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Le Prix du Livre inter : un jeu de voix. . .
Convergence ou concurrence
des voix critiques ?
Que nous apprend renonciation ?
Introduction
En France, les prix littéraires offrent aux médias des occasions privilégiées de célébrer le livre. L'un de ces prix met en abyme ce phénomène : c'est, créé en 1975, le prix du Livre Inter, décerné chaque année en juin par vingt-quatre auditeurs de France Inter sélectionnés. Une liste de dix romans récemment parus est établie par un collectif de journalistes et critiques littéraires ; les auditeurs sont invités à candidater pour participer au jury qui décerne son prix sous la présidence d'un romancier. Une journaliste du département culturel de France Inter - Eva Bettan - est en charge de ce prix, qui se trouve donc à la charnière entre les prix classiques décernés par des professionnels de la « chose littéraire » et des prix, généralement plus récents, décernés par des lecteurs (prix des lectrices de Elle par exemple), des clients (prix Fnac) . . .
Si, après Jean Peytard1, on rappelle les trois types de critique littéraire selon Thibaudet2, à savoir la critique « spontanée », la critique « professionnelle » et la critique « des maîtres » (ou des artistes), on est amené à s'interroger sur la place accordée par le prix ici évoqué à chacun des trois. Dans une première approche, nous dirions que les vingt- quatre auditeurs représentent la critique spontanée ; en effet, France Inter est la station généraliste de Radio France qualifiée de « populaire et de qualité ». L'auditoire est fidèle, d'âge moyen, cultivé, plutôt urbain, ouvert sur de larges pans de l'actualité et de la culture mais sans désir de
1. Peytard J., « La médiacritique littéraire à la télévision » in La médiacri- tique littéraire, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 2e trimestre 1990.
2. Thibaudet A., Physiologie de la critique, 1930.
GENEVIEVE LANDIE
communication & langages - n° 1 50 - Décembre 2006
