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200 mots à la minute : le débit oral des médias
Colas Rist
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Infiniment variées sont les allures de la parole courante. Tel glisse ses phrases furtivement, tel les aligne sèches comme des ordres, tel égrène avec componction et tel autre a besoin d'intercaler des hésitations... Mimétismes familiaux et reflets des tempéraments. Cette diversité doit se retrouver, pourrait-on supposer, dans ces grands libres-services de voix que sont la radio et la télévision. Il n'en est rien. Sans doute les médias audiovisuels offrent-ils une gamme d'allures orales différenciées. Mais très vite, à une écoute fixée sur le débit, des régularités apparaissent. Et celles-ci ne dépendent que peu des tempéraments individuels. À la radio et à la télé, le timide articule et devient audible, l'autoritaire ralentit, l'hésitant accélère. Les modalités qui s'écartent nettement de la norme du débit sont le fait d'anonymes interviewés brièvement en général dans le cadre d'un documentaire. La variable majeure de l'allure orale, c'est la situation de communication instaurée par la présence d'un micro. En somme, c'est le médium qui détermine la vitesse. Plus précisément, chacun des différents rituels sociaux qu'il met en scène comporte sa vitesse moyenne.