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La presse locale, facteur de cohésion sociale

Dominique Gerbaud

V)

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À L'Express, lorsque que j'y étais, on disait aux journalistes : « Dérangez ! Allez chercher ce qui ne va pas ! Soyez plus incisifs et plus agressifs ! »

À La Nouvelle République du Centre-Ouest, où je suis aujourd'hui, la charte de la rédaction précise à l'inverse que « le journaliste devra faire preuve de bienveillance à l'égard de ses interlocuteurs ».

N'est-ce pas là l'une des différences fondamentales entre les deux formes de presse ? Celle qui est nationale et l'autre qui vit au milieu de ses lecteurs et qui, pour cette raison — parmi d'autres - entretient un autre type de relation, plus conviviale, plus chaleureuse avec ceux qui l'achètent. L'une des clefs de la crise de la presse écrite se situe dans la relation qu'elle entretiendra avec ses lecteurs. Car si la presse de proximité résiste mieux à la crise, c'est peut-être en partie parce qu'elle a réussi à maintenir un climat de confiance avec ceux qui l'achètent.

En revanche, l'une des questions qui se pose à la presse locale est de savoir si elle peut conserver toute son indépendance et son esprit critique vis-à-vis des pouvoirs locaux — quels qu'ils soient - tout en étant proche des gens. Peut-elle introduire un doute critique nécessaire, peut-elle porter un regard distancié et critique sur ce qui se passe autour d'elle, et peut-elle jouer un