ANNIVERSAIRE
« CENTESIMUS
ANNUS » : UNE LECTURE GÉOPOLITIQUE
Patrick Dessouane
« Le pape est-il devenu socialiste ? » s'interrogeait le très sérieux « Financial Times » au lendemain de la diffusion par les services de presse du Vatican d'un petit opuscule commémorant le centième anniversaire de la fameuse encyclique « Rerum novarum ».
Visiblement, Jean Paul II avait pris le risque de décevoir les lecteurs du « Figaro Magazine » et plus généralement de tous ceux qui confondaient la lutte contre l'oppression communiste avec la justification de la rapacité néo-libérale. On ne peut néanmoins comprendre le message et les enjeux de « Centesimus annus » sans se remémorer les évolutions récentes de la situation économique et politique mondiale :
- en premier lieu, l'effondrement - on devrait dire l'implosion - du système communiste soulève en Europe de l'Est et dans l'ex-Union Soviétique un immense espoir, mais aussi nombre de questions angoissantes : il n'est pas si facile d'être libre, de ne plus sentir le poids rassurant des chaînes.
- l'Europe occidentale se cherche, hésitant entre l'affirmation d'une identité enrichie par la vigueur retrouvée des peuples libérés de l'esclavage et la soumission à l'ordre libéral américanomorphe.
- le Tiers Monde, accablé sous le poids de la misère, de la dictature et de la corruption, semble prêt à succomber à la fatalité, même si des signes d'espoir (redressement économique de certains pays d'Amérique Latine, timide démocratisation en Afrique) apparaissent çà et là.
Le message de « Centesimus annus » est donc triple et constitue l'amorce d'une «géopolitique spirituelle» à l'échelle mondiale.
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