Monique Le Fouler
Désillusion et scepticisme en psychiatrie aujourd’hui
témoignage
À notre demande, Monique Le Fouler a accepté de nous par¬ ler de son parcours d’infirmière psychiatrique. Elle a tra¬ vaillé dans un service intra-hospitalier, dans trois pavillons successifs, de 1978 à 1986, et intervient depuis sur le secteur. Dislocation des équipes, éclatement des services, baisse endé¬ mique des effectifs soignants et des moyens, médicalisation à outrance, disparition de formations spécifiques, tant chez les infirmiers que chez les médecins, urgence perpétuelle des tâches, montée d’une violence de type nouveau, bureaucrati¬ sation de l’encadrement : tout cela l’inquiète, mais elle y fait face. Ce qui la tracasse le plus, c ’est, comme elle le dit, que la psychiatrie n ’est plus «tendance » et que de ce fait, les malades mentaux dont la foule va croissante, reçoivent de moins en moins de soins adaptés spécifiquement à leur état, passager ou durable.
«Au bout de dix ans, j’en avais assez de l’ intra-hospitalier, ce qu’en terme du métier nous appelons l’“intra”. Ça m’avait formée certes, mais j’avais fait mon temps et il me semblait plus intéressant de passer à autre chose même si ça bougeait aussi à l’hôpital, que ça s’humanisait... On était passés d’un pavillon de 140 lits à des unités plus réduites de 30 à 40 lits. En travaillant au CMP (Centre médico-psychologique), je n’en gardais pas moins de contact avec l’intra en participant à des réunions. Je me suis toujours battue sur cette nécessité vitale de garder une articulation avec l’intra, dans les réunions, les