JEAN OURY
La moindre des choses
Le quotidien — La vie quotidienne, c’est une prise de posi¬ tion théorique comme on dit. . . Tenir compte de «ce qui se passe »... Beaucoup de prises en charge de personnalités psy¬ chotiques négligent cette dimension. . . La vie quotidienne, de façon un peu paradoxale, c’est presque la chose la plus diffi¬ cile, la plus inaccessible. . . La chose qui doit être visée. . . Ce n’est pas simplement l’horaire : à telle heure on se lève, petit déjeuner, les activités..., puis on va se coucher : ça, c’est le temps qui passe. Mais la vie quotidienne, c’est essayer de tra¬ vailler, de cultiver, de produire, de créer même des petites zones, comme ça, permettant d’exercer la fonction primor¬ diale, fondamentale de tout ce travail : la fonction d’accueil. Comment accueillir, le long des jours, comment accueillir des gens qui, justement, ne demandent pas à être accueillis ?
Propos recueillis à La Borde par Olivier Apprill en octobre 93.
Le quotidien — Organiser les choses pour que chaque per¬ sonne soit concernée dans sa singularité. .. sinon, c’est pas la peine. . . Parce que ce qui compte pour quelqu’un, qu’on soit fou ou pas fou, c’est qu’on puisse se distinguer des autres, pas par narcissisme exacerbé, mais, simplement, avoir la possibi¬ lité de se délimiter, de se reconnaître... Dans l’organisation traditionnelle des hôpitaux, c’était plutôt une massification. . . Toujours voir où en est l’accueil, la fonction d’accueil... Ce n’est pas simplement l’accueil des aéroports, avec une hôtesse. . . C’est un accueil permanent qui doit, dès le premier jour jusqu’à la fin, et même après, et même avant, enfin
ÉTÉ 1997 -CHIMERES 163