L'OFFRE ET LA DEMANDE DE CREDIT CHEZ SCHUMPETER*

par Marcello MESSORI

Introduction

La théorie monétaire, surtout de l'après-guerre, a sous-évalué l'importance des rapports entre les banques et les firmes à l'ouverture des processus productifs. Par conséquent, elle n' a pas examiné les voies d' insertion des moyens de paiement dans un système économique sans intervention de l'Etat. Cette limite est commune à plusieurs modèles keynésiens et aux différentes approches orthodoxes (par exemple : les monétarismes).

D'habitude, les modèles keynésiens concentrent l'analyse sur les rapports entre la préférence pour la liquidité des agents, les prix (courants et anticipés) des actifs financiers et productifs, les décisions d'investissement des firmes. La répartition du montant donné d'encaisses monétaires parmi ses différentes fonctions n'est pas reliée à l'introduction de nouveaux flux monétaires. Les banques jouent le rôle d'intermédiaires financiers (cf. par ex. : Tobin-Brainard 1963). Même les tentatives de traiter l'offre de monnaie comme une variable endogène du modèle (cf. par ex. : Moore 1982-83) n'aboutissent pas à l'examen des comportements des banques et des firmes sur le marché du crédit. Le fonctionnement de ce marché est envisagé par le débat sur le « rationnement du crédit » (cf. par ex. : Jaffee 1971 ; Niccoli 1980 ; Stiglitz- Weiss 1981). Toutefois, à l'exception de quelques contributions récentes (cf. Greenwald- Stiglitz 1 986), ce débat ne vise pas à analyser le financement bancaire des activités des firmes dans le cadre général du système économique.

Pour considérer cette dernière perspective, l'on doit faire référence aux théories des auteurs du passé. L'approche la plus instructrive est, à ce propos, celle de Schumpeter (cf. 1912, ch. III ; 1939, ch. XI-XIII). Elle spécifie le rôle du financement bancaire pour la réalisation des processus d'innovation et d'imitation à l'ouverture des différentes périodes de l'évolution cyclique.

Cahiers d'Economie politique n° 13