Jocélio Teles dos Santos La divinité caboclo dans le candomblé de Bahia
Passions et interprétations
essor de anthropologie au Brésil et intérêt croissant pour les diffé rentes manifestations de la culture populaire ont suscité de nombreuses études et publications sur le candomblé de Bahia Elles traitent pour la plupart de la présence des orix dieux amenés Afrique pendant esclavage considérés comme les entités fondamentales du panthéon afro-bahianais On trouve cependant dans celui-ci une autre divinité dénommée caboclo laquelle on attribue généralement une origine indi gène Comment cette divinité insère-t-elle dans univers religieux afro- bahianais Dans la littérature afro-brésilienne la présence du caboclo fait ob jet de deux types interprétation Soit elle apparaît comme le résultat un processus syncrétique afro-amérindien Carneiro 1937 Valente 1977 Ramos 1961) soit comme une variante du àïàî jêje-nagô auquel se seraient incorporés des éléments indigènes Querino 1938 Braga 1975) Dans le premier cas le syncrétisme afro-amérindien serait le résultat un processus au cours duquel la culture religieuse des Noirs aurait absorbé de manière sélective la culture indigène 11 fallait bien distinguer ce syncrétisme-là du syncrétisme afro-catholique puisque une part il incluait la culture amérindienne et que autre part il se serait constitué la différence du second sans avoir subir la domination de la culture occidentale hégémonique2
Au Brésil jêje aja ewé fon nago yoruba le terme yoruba est cependant également utilisé Cette conception du syncrétisme afro-catholique est elle-même contestable On peut difficilement expliquer ce syncrétisme-ci par la seule domination culturelle Même si on peut admettre que la préservation des divinités africaines ait néces sité leur dissimulation sous aspect morphologique de saints et de vierges imma culées il reste que existence des dieux tout comme celle des saints font partie du champ des représentations collectives de tel ou tel groupe et que diverses opérations symboliques entre autres de multiples traductions ou recodifica tions doivent être oeuvre simultanément
Cahiers tudes africaines 125 XXXII-l 1992 pp 83-107
