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Recherches sur l'instruction des laïcs du IXe au XIIe siècle

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Année 1962 5-18 pp. 175-182
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Pierre RICHE

Recherches sur l'instruction des laïcs du IXe au XIIe siècle

C'est devenu un lieu commun de dire que dans le haut moyen âge la culture intellectuelle était le privilège du clerc. Depuis l'effondrement de l'Empire romain, depuis la fermeture de l'école antique, les laïcs n'avaient plus ni les moyens ni le goût de s'instruire. Au contact des barbares, ils étaient devenus illettrés. Laid = illiterati.

Sans doute, la disparition d'une habitude antique aussi bien établie1 n'a pas suivi immédiatement les grandes invasions. Jusqu'au milieu du vne siècle dans les royaumes barbares, les laïcs apprenaient à lire et à écrire, et transmettaient à leurs enfants leur savoir. Ils le faisaient eux-mêmes ou par le moyen de précepteurs, puisque l'école antique avait fermé ses portes au vie siècle. Certains barbares, les Francs surtout, avaient même, à l'exemple des Romains, adopté l'usage de l'écrit et veillaient à ce que leurs enfants reçussent un minimum d'instruction, ne serait-ce que pour lire la Bible. Nous possédons suffisamment de témoignages directs ou indirects pour dire que jusqu'à l'époque de Dagobert l'instruction du laïc était considérée comme tout à fait normale2.

Pendant la grande crise qui s'est terminée par l'avènement des Carolingiens, les laïcs sont devenus illettrés3. Charlemagne, qui a voulu restaurer la culture intellectuelle en Occident, n'a pas pu redonner aux laïcs le goût de l'étude. Malgré ses efforts, la plupart des fonctionnaires laïcs de l'Empire étaient incapables de lire les capitulaires4. Sans doute a-t-il essayé de faire ouvrir des écoles paroissiales pour tous les enfants, mais si la mesure a pu être appliquée localement, elle n'eut pas d'effets durables. D'ailleurs les réformes scolaires de Charlemagne avaient surtout pour but de restaurer les études dans le clergé afin que le texte sacré soit mieux compris et que la liturgie puisse être dignement organisée.

C'est en assistant aux offices religieux que le laïc recevait la seule culture à laquelle il avait droit, la culture religieuse, et il la recevait passivement. Relégué au fond de l'église, loin de l'autel, ignorant le latin, il ne pouvait lui-même lire les textes sacrés ; il devait se contenter de la prédication du prêtre, vraisemblablement donnée en langue vulgaire. Ainsi Pirenne a pu écrire qu'« à part d'infimes exceptions, du ixe au xne siècle, non seulement la formation intellectuelle mais même la simple pratique de la lecture et de l'écriture n'existeront plus en dehors du clergé »5.

En fait ces « infimes exceptions » sont plus nombreuses que ne le pensait Pirenne. Dans l'aristocratie carolingienne et post-carolingienne, une élite de laïcs a conservé le goût de l'étude6. A côté des grands noms que l'on peut citer, il y a également de modestes vassaux, de petits chevaliers qui

1. Sur cette habitude, cf. H. Marrou, Histoire de V éducation dans l'antiquité, Paris, 1948.

2. P. Riche, Éducation et culture dans l'Occident barbare, Paris, 1962.

3. Ibid., p. 475 et ss.

4. Cf. F. Ganshof, Charlemagne et l'usage de l'écrit en matière administrative, dans « Moyen âge », t. 1951, p. 1-25.

5. II. Pirenne, De l'état de V instruction des laïques à l'époque mérovingienne, dans « Revue bénédictine », 1934, p. 164-177.

6. Cf. surtout R. Bezzola, Les origines et la formation de la littérature courtoise en Occident (500-1200), Paris, 1944 et i960.

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