Cahier du Centre d'Études Chypriotes 31, 2001

TENDANCES STYLISTIQUES ET ATELIERS LOCAUX A CHYPRE AU XIIIe SIÈCLE Quelques observations

Christina SPANOU

Je tiens à remercier mes professeurs, Mme C. Jolivet-Lévy et M. J.-P. Sodini. J'adresse également mes remerciements au Département des Antiquités de Chypre -spécialement Mme M. Ieronymidou-Solomidou et M. G. Philotheou -, ainsi qu'à Mme le professeur A. Weyl Carr et à M. le professeur A. Nicolaidès.

L'art du XIIIe siècle à Chypre -aussi intéressant que particulier -constitue un domaine vaste et compliqué, surtout en ce qui concerne les sources des influences et la période précise pendant laquelle se forment ses caractéristiques. Lorsqu'on l'étudié, on s'aperçoit en effet qu'à partir d'un certain moment on a affaire à un style si différent de ce qui a précédé qu'il a conduit Doula Mouriki à parler de «maniera cypria » \ et A. Weyl Carr d'une «réorientation géographique des sources d'inspirations » 2. Tout au long du XIIIe siècle, la ligne décorative du XIIe siècle devient schématique, le modelé dur et «sec », tandis que l'on constate une uniformisation croissante de l'art. Le regard des figures se fige dans le vide et le drapé maniéré du XIIe siècle, plein de mouvement et de grâce, devient rigide et schématique, sans aucun effort apparent de rendre le volume.

Mais, en réalité, ce n'est pas le XIIIe s. qui est le moment décisif dans cette évolution. Des éléments particuliers de cet art se manifestent en effet dans la peinture chypriote dès le XIIe siècle et évoluent au siècle suivant. Nous pouvons distinctement observer cette évolution de la peinture de Chypre au tournant des XIIe-XIIIe siècles, dans l'Ermitage de Saint-Néophyte à Paphos. Dans ce monument existe, outre les fresques de 1 183,