MADERE

Notes de géographie humaine

L'archipel volcanique de Madère est situé dans l'Atlantique par 32° N et 16° W, à près d'un millier de kilomètres au sud-ouest du Cap Saint-Vincent, sur la route de circumnavigation de l'Afrique, et le chemin du Brésil. Si l'activité volcanique s'est assoupie, l'île, localisée sur la Dorsale méridienne atlantique, a ressenti encore des secousses sismiques en 1748, 1755, 1816 et 1918. Véritable montagne dans la mer, bordée de falaises vertigineuses (589 m au Cabo Girao sur la côte Nord), sillonnée de profondes vallées (Curral da Freiras), elle offre un spectacle impressionnant au voyageur qui débarque à Funchal (1). Du caractère méditerranéen, du climat madérien — maintes fois souligné — retenons simplement l'exceptionnelle constance thermique de Funchal (21°9 en août, 15°6 en janvier : rapport maxi/mini : 1,40), et l'heureux décalage entre températures de l'air et de l'eau de mer, atout touristique de premier ordre, puisque l'eau a 19° en janvier.

O. Ribeiro (2) a retracé les grandes étapes de la découverte et de la mise en valeur de l'île, abordée en 1419 par Jean-Gonçalves Zarco et Tristan Vaz. Cet ancien bagne fut progressivement colonisé par les Portugais, aux¬ quels se joignirent des immigrants de tous horizons, puis des esclaves noirs introduits pour travailler dans les plantations de canne à sucre, puis de vigne. Au début du xvre siècle, la population atteignait 5 000 hab. Malgré la précoce ponction de l'émigration (dès le xvii® s.), l'île a connu un essor démographique foudroyant à partir du milieu du xixe siècle, selon un pro¬ cessus cumulatif en tous points semblable à Java, autre île montagneuse volcanique, et fondé sur un confortable excédent naturel (2 %) qu'aucun accident n'est venu perturber (Tableau I). Cette densité brute phénomé¬ nale traduit mal l'extraordinaire surcharge de l'île, puisque toute la vie se concentre sur la côte, où la densité dépasse 600 h/km2. La capitale Funchal concentre près du tiers de la population (20 000 habitants en 1873, 37 000 en 1950 et près de 90 000 en 1971), alors que Camara de Lobos compte à peine 13 000 h et Machico 12 000. Urbanisation d'ailleurs récente : la société madé-rienne est une société paysanne : elle a minutieusement façonné le paysage rural de Madère, véritable jardin sur la mer ; un labeur séculaire qui se réduit à une conquête permanente et simultanée de la Terre et de l'Eau.

L'épopée rurale de Madère aboutit à cet immense escalier de terrasses («poios ») érigé jusqu'à 800 m d'altitude ; curieux paysage de type philippin,