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TANGER, COMME EN ECHO
Une légère brume, pareille à un voile, couvre le Cap Spartel. L'obscurité des nuits africaines, qui nous avait tant frappés quinze ans plus tôt, à notre arrivée dans ce pays, enveloppe brutalement le Détroit, où s'engage lentement Le Marrakech. Emergent seulement les lumières, d'abord confondues, d'Algésiras et Gibraltar, droit devant et, à bâbord, celles, plus lointaines, de Tarifa...
Premier juillet 1987 : je rentre du Maroc, sans doute définitivement, encore incapable d'analyser toutes les conséquences de ce départ sur notre vie à venir, de mesurer exactement les liens qui nous attachent à cette côte. Histoire d'éveiller les fantômes prestigieux que je savais endormis au pied de la Montagne, j'avais tenu à quitter le pays par Tanger, encore inconnue de moi, enfant terrible des cités maghrébines.
Quinze jours plgs tard, assis à ma table de travail derrière une pile de livres récents ou plus anciens aux titres répétitifs -Tanger, Réveillon à Tanger, Un privé à Tanger, La chute de Tanger, La nuit de Tanger,...-ce sont ces échos qui resurgissent sous ma plume, au lieu -que l'on m'en pardonne -des analyses universitaires que l'on serait en droit d'attendre ici...
Réhabiliter Tanger ?
Sans doute l'idée n'est-elle pas absente du projet qui voit naître tant d'évocations quasi-simultanées. Mais quel poids traîne donc cette ville après elle, pour qu'il en semble ainsi nécessaire ?
D'abord la position géographique de Tanger, à la pointe