AUTOUR DU JOURNAL DE GIDE ET DE SON ÉDITION
Communication de M. Éric MARTY (Paris) au Le Congrès de V Association, le 9 juillet 1998
Nous vivons l'ère des éditions critiques et plus généralement encore, depuis une quinzaine d'années notre relation à l'œuvre d'art a connu une rupture considérable par laquelle celle-ci semble ne plus pouvoir se lire, s'entendre, se voir autrement que sous la forme de l'archive de l'œuvre. Nous ne pouvons plus entendre les œuvres musicales passées qu'avec des instruments d'époque, nous ne pouvons plus contempler les grandes œuvres picturales — et je pense à l'exemple récent de la chapelle Six- tine — que restaurées dans ce que l'on croit être leur apparence originelle, et nous ne pouvons plus lire Proust sans accompagner son texte de ses esquisses, ses brouillons, ses variantes. Certes, il y a depuis des siècles déjà des éditions critiques, mais on sent bien aujourd'hui que c'est au sein d'un plus vaste mouvement que celles-ci se multiplient. L'œuvre excite moins en nous aujourd'hui le désir interprétatif, la verve spéculative, la pulsion de comprendre, qu'un mouvement réflexe opposé qui, dirais-je, est un réflexe de restauration.
Il y aurait beaucoup à dire sur un tel phénomène qui instaure une nouvelle relation globale à l'œuvre d'art, mais ce n'est pas le lieu d'en parler. Je dirai simplement, concernant notre domaine qui est celui du discours litté-