ANDRÉ CHÉNIER
AU TEMPS DE LA RÉACTION
DES «INDULGENTS»
Communication de M. Georges BUISSON (Bordeaux III) au XLP Congrès de l'Association, le 26 juillet 1989
André Chénier, dont seuls quelques confidents avaient admiré le génie, sans du reste connaître tous ses vers, est aujourd'hui le poète le plus célèbre du XVIIIe siècle, encore que son œuvre inachevée, transmise dans des conditions déplorables, prête aisément aux méprises. Cette gloire posthume, dont Henri de Latouche fut l'heureux initiateur en 1819, n'est certes pas celle dont rêvait le jeune homme qui notait vers 1786: «Je veux être la comète qui erre... et poursuit sa course excentrique » (1). Car, autant et peut-être plus qu'à l'originalité de sa poésie, il doit sa fortune littéraire au supplice que lui infligea, le 7 thermidor an II, cette révolution qu'il avait appelée de ses vœux et accueillie d'abord avec espoir comme l'ère de la liberté et des droits de l'homme.
(1) Voir l'édition des Œuvres d'André Chénier procurée par Paul Dimoff (Pans, Delagrave, 1919), t. Ill, p 314, ou l'édition de Gérard Walter (Gallimard, « La Pléiade », 1940), p. 708, qui classe par erreur ce morceau dans Г « Histoire du Pouvoir royal en Europe ».
