LES LIBRETTISTES DE RAMEAU, DE PELLEGRIN A CAHUSAC
Communication de MM. J. VAN DEN HEUVEL et E. HAERINGER (Paris X-Nanterre) au XL* Congrès de l'Association, le 20 juillet 1988
II est bien établi, à présent, que Rameau n'était pas du tout indifférent aux poèmes lyriques qu'il allait devoir mettre en musique. Le choix qu'il fît de ses librettistes en fut une preuve suffisante. En effet, il sut découvrir, malgré ce qu'on a pu dire, les meilleurs d'entre eux, soit que ces auteurs aient déjà une réputation solide, comme Pellegrin ou Autreau, ou encore Cahusac, soit que, jeunes encore, ils aient montré tous les signes d'un talent certain, comme, par exemple, Bernard. La notoriété de ces librettistes ne va jamais jusqu'à la fortune, tant s'en faut, et s'ils jouèrent un rôle dans l'évolution de leur art, on ne les reconnut véritablement qu'une fois disparus ; de leur vivant, ils ne furent jamais à l'abri des critiques les plus sévères, voire des quolibets.
Pellegrin auquel Rameau s'adressa pour le livret ďHippolyte et Aride, était confortablement installé chez son protecteur, le fermier général de La Pouplinière. Il jouissait d'une réputation respectable après son livret de Jephté ; l'époque où il écrivait pour les théâtres forains était passée ; il était connu pour sa grande facilité à versifier — on prétendait même que le nombre de ses vers