PRISON ET PRISONNIERS DANS LE THEATRE DE CORNEILLE
Communication de M. Alain COUPRIE (Paris) au XXXVP Congrès de l'Association, le 25 juillet 1984
De Clitandre injustement incarcéré à Suréna menacé d'arrestation, le thème de la prison est l'un des plus constants du théâtre de Corneille : quatorze pièces l'orchestrent, qu'il s'agisse de comédie ou de tragédie (1). Son étude demande d'être abordée sous trois angles au moins : dramaturgique, juridico-politique et éthique.
Dramaturgique, parce que la représentation de la prison, élément spectaculaire s'il en est, soulève des problèmes de mise en scène auxquels Corneille a très vite été sensible et à propos desquels, à l'instar de celles des théoriciens et de ses confrères, ses conceptions évoluèrent.
Juridico-politique, parce que tout emprisonnement sanctionne ou doit sanctionner un délit tombant dûment sous le coup de la loi, et que le premier devoir d'un monarque, selon l'exemple de Salomon ou de saint Louis, est de rendre la justice.
(1) Emprisonnement réel : Clitandre (III, 3-4 ; IV, 6-7 ; V, 1) ; Mêdêe (IV, 4) ; L'Illusion comique (IV, 7) ; dnna (IV, 1, v. 1120) ; Polyeucte (IV, 14) ; La Suite du menteur (I ; II, 4-7 ; III) ; Théodore (II, 5, v. 620 et passim) ; Héraclius (III, 2, v. 992-994 et passim) ; Nicomède (IV, 4) ; Pertharite (III, 5, v. 1094-1095). Allusion à des emprisonnements passés : Rodogune (I, 4, 18 et 264-268). Menace d'emprisonnement : Suréna (IV, 2). Cas des prisonniers de guerre : Sophobisbe (passim) et Attila (passim : les rois Ardaric et Valamir).