UN MOT-THÈME
DE «L'ÉDUCATION SENTIMENTALE» : « L'AUTRE »
Communication de M. Hans SCKOMMODAU {Munich) au XXIIe Congrès de l'Association, le 24 juillet 1970.
L'Éducation sentimentale se conforme peu au concept habituel d'un roman, d'après lequel les personnages devraient être à la hauteur de leur tâche romanesque : ils font foule grouillante, participent à un sourd mouvement. Il ne serait pas tout à fait faux de dire que la « vraisemblance » du récit est garantie de façon plus convaincante par la présence de certains objets-fétiches (1), le coffret de Mme Arnoux, par exemple. Ce coffret fait partie du signalement de l'idole féminine : il peut changer de propriétaire (comme une coupe de championnat).
Il y aurait des remarques à faire sur ces talismans : bracelet, mouton d'or, pantoufles. Dans Madame Bovary, Léon fait cadeau à Emma de « pantoufles en satin rose, bordées de cygne » (Éd. Pléiade, p. 532) ; le même fétiche revient dans L'Éducation sentimentale. Est-ce que la préoccupation fétichiste de l'auteur permet un récit clair, où les
(1) Sartre parle de « son goût profond pour le fétichisme et les idoles » (Flaubert : du poète à l'artiste, in : Les Temps modernes, 22, 1966, p. 605).