LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DEVANT L'OPINION ANGLAISE
Communication de M. F.-C. GREEN au VIe congrès de l'Association, à Paris, le 24 juillet IÇ54
Dans un élan d'altruisme que je ne saurais approuver puisque j'en suis une des victimes, nos amis français du Bureau ont décidé de ne laisser monter aujourd'hui à la tribune que des orateurs italiens, américains et britanniques. Toute réflexion faite, je rejette l'euphémisme « monter à la tribune » pour y substituer l'expression « paraître à la barre des témoins » qui traduit plus fidèlement mes réactions aux questions posées par mes aimables inquisiteurs. Quelle image les Anglais se font-ils de la littérature française moderne? Quels sont les écrivains français qui jouissent à l'heure actuelle en Grande-Bretagne de la plus large audience?
Il semblerait bien, à première vue, que notre sujet représente la culmination de ce goût cosmopolite qui est un des éléments constitutifs de l'esprit nouveau du XVIIIe siècle. Cependant, en y regardant de plus près, on est obligé de revenir sur cette première impression puisque les Français du xviii6 siècle furent beaucoup plus curieux de connaître la littérature anglaise que d'apprendre ce que les Anglais pensaient de la leur. Et je me demande si cette attitude ne serait pas, même aujourd'hui, plus caractéristique du Français et de l'Anglais moyen que celle qui est implicite dans le sujet
