Audi Israel. Le parchemin de consécration et la parole de Dieu dans l’autel (Catalogne et Languedoc, XP-XIIP siècle)

En 1 886, D. Bernard, peintre et érudit de Luchon, fut appelé à restaurer l’église de Saint-Just de Valcabrère, à proximité de Saint-Bertrand de Comminges (Haute-Garonne). Débarrassant l’autel de ses ornements de bois doré («si ridicules lorsqu’ils se trouvent mêlés à un monument aussi vénérable »), Bernard fît une découverte qu’il rapporta minutieusement dans le Bulletin monu¬ mental puis, cinq ans plus tard dans la Revue de Comminges . L’autel contenait un chapiteau «mérovingien » à l’intérieur duquel on trouva des reliques, des grains d’encens et un parchemin fermé par le sceau de l’évêque Raymond Arnaud de Comminges (1189-1204). Bernard croyait avoir trouvé l’authentique des reliques, mais le parchemin se révéla contenir tout autre chose puisqu’il donnait dans l’ordre les dix commandements, le début des quatre évangiles et enfin la mention de la consécration de l’église par l’évêque en octobre 1200. Et Bernard de se demander : «Cette rédaction constituerait-elle un fait excep¬ tionnel dû à l’initiative de l’évêque Raymond, ou serait-elle là en vertu d’un usage habituel à cette époque ? En connaîtrait-on d’autres exemples ? »2 Cent vingt ans plus tard, il est facile de répondre à ce qui apparaissait alors comme un hapax : le fait d’enfouir ce que nous