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La séparation sous tous ses plans ? Sociologie des grammaires cinématographiques des films de divorce

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Fait partie d'un numéro thématique : Dossier « Aides et prestations sociales »
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La séparation sous tous ses plans ?

Sociologie des grammaires cinématographiques des films de divorce

Christophe Lamoureux

Maîtres de conférences en sociologie, université de Nantes –

Centre nantais de sociologie.

Nicolas Rafin Au sein de la famille contemporaine, les relations de couple et les rapports parents-enfants se trouvent de plus en plus affectés par un processus d’émancipation de l’individu qui revendique des marges de manoeuvre dans l’exercice de ses prérogatives conjugales et parentales [ Singly (de), 1996]. Dans le cas du divorce, l’opposition du lien et de la séparation est particulièrement saillante. Du côté du couple, l’alliance est fragilisée par un manque de satisfaction des profits personnels attendus. Du côté des enfants, les moeurs comme le droit prescrivent désormais que, pacifiquement, les pères et les mères collaborent pour assurer la circulation des enfants entre eux (Bastard, 2002 ; Rafin, 2012 a). Cette opposition relèverait d’un truisme si, dans la réalité, les pratiques de rupture observées ne venaient pas contrarier ce fragile équilibre entre l’injonction de pacification des relations amenée par l’évolution des moeurs et les difficultés de les appliquer au quotidien tant sur le plan matériel que sur celui des tensions affectives ou psychologiques. Les limites de la diffusion de ces nouvelles moeurs renvoient notamment à la part croissante prise par le contentieux familial devant les juridictions civiles (Boigeol et al., 1974 a, Boigeol et al.,

1974 b, Théry, 1998 ; Chaussebourg et al., 2009) ainsi qu’aux conditions matérielles dans lesquelles est produite la réponse judiciaire entraînant d’importantes variations dans le traitement des ruptures (Collectif Onze, 2013). Usure de la relation conjugale, défaillance éducative, faillite des projets de vie commune, alternance des lieux de garde des enfants, redistribution des rôles sexués au sein de la vie domestique, gestion de la scolarité et des occupations des enfants, recompositions familiales et fratries réinventées (Martin, 1997)…, sont autant de problèmes à résoudre qui peuvent incarner ce fragile équilibre (1).

Pour le médium cinématographique (Panofsky, 1996) (2), cet inventaire de situations déstabilisantes à expérimenter, dont on peut penser qu’elles s’inscrivent dans des configurations sociales complexes et donnent lieu à des usages sociaux différenciés, constitue un vivier inépuisable de ressorts fictionnels à mettre en récit dans lesquels, selon une graduation et des logiques de genre qui restent à définir, la question de l’esprit de la famille contemporaine (Attias-Donfut et al., 2002) se trouve posée avec une particulière acuité. En effet, il est peu de cas au cinéma où les péripéties de la vie sentimentale, les interrelations les plus prosaïques de la vie de famille se trouvent aussi concrètement restitués que dans «les films de divorce » (3). Et quand le cinéma s’empare du divorce, ce n’est pas tant pour proposer un reflet fidèle d’une réalité contrastée que pour confronter les publics à des expériences sociales reconstituées où se jouent, la plupart du temps, les tensions qui peuvent exister entre la nouvelle normativité des conduites et la difficulté de les mettre en pratique (Théry, 1993). Dès lors, le registre des questions posées pourrait être ainsi formulé : de quels états de la séparation parlent les films populaires français contemporains et pour mettre dans quels états les ruptures d’union à l’écran ? Quelle normativité du divorce les films populaires en particulier donnent-ils à voir, à partir de quelles histoires, registres de fiction et compositions de personnages ? Quelles inflexions sociales, modèles culturels et registres de valeurs s’interposent dans le dispositif (narration, mise en scène, scénographie, dramaturgie, stylisation…) pour construire ces normes de représentation ? L’objectif est de mesurer comment le cinéma populaire français accompagne, par les récits de ruptures et de leurs conséquences, le mouvement général de diffusion d’un modèle de séparation pacifiée fondé sur deux piliers : l’autorégulation conjugale et la coparentalité.

Revue des politiques sociales et familiales n° 121 -3e et 4e trimestres 2015 81 Parentalité – Relations familiales

(1) Les auteurs remercient Marie Charvet pour sa lecture de la première version de cet article. (2) Il faut ici considérer le cinéma dans sa dimension communicationnelle. Il participe, en effet, à rapprocher les producteurs et les spectateurs comme nul autre domaine artistique, et ce en mobilisant de multiples techniques (images fixes et en mouvement, langage écrit, paroles, musiques, etc.). (3) Les «films de divorce » recouvrent, ici, un corpus de productions cinématographiques prenant pour sujet principal la rupture conjugale. Dans les films ainsi retenus, le thème de la rupture est ainsi traité essentiellement sous l’angle du divorce.

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