INTERVENTION SOCIALE
Les conceptions de la compétence en médiation
Fathi Ben Mrad *
* ERASE (Equipe de recherche en anthropologie et en sociologie de l'expertise).
nvisagée comme une réponse pertinente pour gérer les modes de sociabilité, la médiation tend à s'institutionnaliser dans divers domaines : politique de la ville, famille, justice... Malgré une amorce de reconnaissance en matière civile et pénale, les rares textes officiels demeurent évasifs sur les compétences requises pour exercer les fonctions de médiation dans ses différents champs d'application. De surcroît, le foisonnement des pratiques se réclamant de la médiation renforce cette indétermination institutionnelle sur ces questions de compétence et de qualification des médiateurs.
La question de la compétence en médiation demeure, pourtant, l'une des préoccupations récurrentes qui traverse les débats chez les spécialistes et les praticiens de ce mode de régulation sociale. Doit-on se limiter à promouvoir des actions «
nes » en favorisant la participation des individus à la régulation des relations sociales, ou créer un nouveau métier qui permettrait à des futurs médiateurs d'être professionnellement reconnus ?
Les compétences sont les ressources mobilisées « lorsqu'il s'agit défaire la preuve de ce que l'on sait faire dans une situation donnée, et que l'on sait bien le faire » (Trépos, 1996). Elles sont alors davantage envisagées comme le produit d'une construction sociale visible dans ses manifestations, que comme l'ensemble des savoirs guidés par une segmentation théorique préalablement posée (type de « savoir-être », de savoir- faire...).
Les discours sur la compétence (les « faire- savoir ») sont indissociables des définitions opératoires qui ne verraient qu'un ensemble de savoirs mobilisés par des individus en
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RECHERCHES ET PREVISIONS N° 53- 1998