Morbihan. — La chapelle ducale du château de Suscinio.
En 1963 et 1975, deux pavements des xme et xive siècles furent découverts dans la résidence ducale de Suscinio, en Sarzeau. L'importance de ces documents iconographiques (surtout le plus récent qui, riche de 37 000 carreaux, s'étend sur 270 mètres carrés) a relégué
au second plan l'étude de la chapelle qu'ils décoraient, édifice situé à l'extérieur du château, sur la contrescarpe sud. L'histoire de cette chapelle, mieux connue au terme de quatre campagnes de fouilles (1975-1982) est intimement liée à celle de la première période du château, entre l'avènement de Pierre de Dreux (1213) et les débuts de la guerre de Succession, au milieu du xive siècle.
La chapelle est une construction de 30 mètres, à chevet plat. La façade occidentale n'apparaît plus qu'au niveau des fondations, mais on peut la restituer : la porte, flanquée de deux contreforts saillants était surmontée d'une fenêtre étroite comportant au moins deux panneaux vitrés, de 65 centimètres de côté. Ils furent retrouvés, à 4 mètres de la façade, enchevêtrés en une masse informe et carbonisée où se confondaient plombs, armatures et tringlettes. Plus de 1.250 fragments de verre, dont les neuf-dixième n'atteignaient pas le centimètre carré, jonchaient le sol de la nef. La reconstitution partielle proposée est le résultat d'un long travail de dépliage des plombs et de reconnaissance des débris de verre encore sertis. Les grisailles à filets de couleur losanges dessinent des rinceaux s'achevant par des boutons et des glands.
Une autre fenêtre avec vitraux existait également au chevet, au-dessus du maître-autel. Ses motifs floraux à feuilles « au naturel » paraissent plus récents, ce que confirme par ailleurs l'étude archéologique du chevet, qui porte des traces de remaniement, sans doute vers 1300. Associées à, ces motifs floraux, des fleurs de lis complètent cette verrière orientale. Cette même fleur de lis est omniprésente également sur le sol de la nef dont elle orne de nombreux carreaux : motif purement décoratif ou volonté de rappeler l'origine capétienne des ducs de Bretagne ? On ne peut manquer de rappeler que le premier décor de sol, vers 1250, s'agrémentait quand à lui de pavés à l'échiqueté de Dreux avec franc-quartier d'hermines. On sait que les princes bretons
