Le Siège d'Alésia... en 1985
Conférence prononcée a Paris, le 31 janvier 1985
Le Siège d'Alésia ayant eu lieu en 52 avant J.-C, pourquoi ce titre? Parce qu'en lisant les journaux et les périodiques et en écoutant ce que raconte la télévision, on a l'impression qu'à Alé- sia c'est encore le Second Empire! Pourtant depuis un quart de siècle beaucoup de travail y a été réalisé, mais ces recherches patientes ne pouvant être présentées sous des titres grandiloquents, capables d'impressionner lecteurs et auditeurs, les journalistes préfèrent de ne pas en parler. Nous sommes donc pratiquement « interdits de presse » et nous n'avons aucun moyen de rompre cette censure; c'est pourquoi je tiens à remercier l'Association Guillaume Budé, au nom de tous les fouilleurs d'Alésia, de me donner la possibilité de faire connaître à ses membres les résultats auxquels nous sommes parvenus.
Tous savent que 52 avant J.-C. était la septième année de la conquête des Trois Gaules et qu'en cette année César eut à faire face à une coalition groupant la plupart des peuples de la Celtique — c'est-à-dire de la Gaule Centrale — et certains des peuples belges — la Gaule du Nord. Il était particulièrement grave qu'elle fût dirigée par les Arvernes, restés jusqu'alors en marge de la guerre, car cela rappelait le temps des rois Luern et Biduit où ce peuple avait exercé sur la Gaule une large hégémonie que Rome avait brisée soixante ans plus tôt à peine : le souvenir n'en était certainement pas oublié, aussi l'intervention des Arvernes avait sans doute réveillé de vieilles fidélités et de vieilles alliances. A vrai dire les aristocrates qui les gouvernaient eussent préféré continuer à rester à l'écart, mais un jeune prince les avait écartés du pouvoir par un coup d'état et s'était fait proclamer roi; Ver- cingétorix était fils de Celtill qui avait déjà tenté de rétablir la royauté chez les Arvernes et leur hégémonie sur la Gaule, mais que ces aristocrates avaient fait condamner à mort avant qu'il ne réussisse!
C'est ce Vercingétorix que les coalisés avaient reconnu pour leur chef de guerre. Pourtant la campagne avait fort bien com-
