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L'humanisme face à la science

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L'humanisme face à la science '

En un temps où les inimaginables acquisitions de la science ouvrent à l'homme l'irréelle perspective de l'impensable conquête du temps et de l'espace, au milieu d'un ouragan électronique où nous sommes tous plus ou moins entraînés, quelle est la part, quel est le rôle, quel est le devenir des humanités ?

Ne sont-elles pas à rejeter au rang d'un accessoire inutile, périmé, superflu, véritable objet de luxe réservé à quelques dilettantes ? S'il est vrai que les Lettres, les Belles Lettres, ont, durant quelques années, pris le pas sur les Sciences, cette conception convient mal à notre époque. Il ne s'ensuit pas que la situation doive forcément être retournée. Et l'un des principaux griefs formulés contre un projet de réforme qui fait beaucoup parler et écrire, c'est de porter un coup à l'humanisme traditionnel. Ainsi réapparaît la vieille querelle des Anciens et des Modernes, la vieille opposition entre l'esprit de finesse et l'esprit de géométrie. Il est en réalité inopportun de la raviver. Elle est sans objet. L'homme moderne, incontestablement scientifique, ne saurait toutefois mésestimer les Lettres et leur énorme influence sur l'intelligence, la pensée, le langage, la spiritualité, sources irremplaçables de toute activité intellectuelle.

Il est un écueil que doit éviter l'homme de science : s'abandonner trop facilement au courant de l'évolution technique, sans se préoccuper parallèlement de l'évolution des idées. Les humanités seront pour lui le phare qui le guidera sur le chemin de la sagesse et de la puissance morale indispensables à une meilleure utilisation de la technique et dont il ressent un impérieux besoin. M. André Maurois écrivait, il y a quelques années : « Pour moi, je crois artificielle l'opposition entre les humanités et les sciences. Les mathématiques étudient des formes de l'esprit, les humanités enseignent l'art de trouver un compromis entre la rigueur de ces formes et la complexité du réel. Les mathématiques vont aux essences ; les humanités font le lien avec l'existence. » A Montaigne, qui parla le Latin avant le Français, à Racine, à Bossuet, à Diderot, à Péguy, et à tant d'autres défenseurs de la culture classique, font écho les savants les plus authentiques. Henri Poin- caré ne craint pas d'affirmer : « Ce qui est certain, c'est que les

i . Cette défense des humanités a été prononcée par le professeur Pierre Musnard, de la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux, à la distribution dos prix du Collecte St- Joseph, de Tivoli, de Bordeaux.

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