5/

ORTHOGRAPHE LATINE

Nous recevons de temps à autre des lettres touchantes de personnes âgées, qui dans leur jeunesse ont pratiqué le latin avec l'orthographe mensongère alors universellement usitée en France, qui aujourd'hui espéraient pouvoir s'y remettre avec l'aide de nos traductions, mais qui se trouvent déçues par la difficulté qu'a pour elles l'orthographe sincère et révolution¬ naire adoptée dans les éditions latines elles-mêmes. Leur embarras est assurément très réel, et nous y compatissons de tout cœur; mais, si elles veulent bien y réfléchir une minute t elles verront que la responsabilité n'en est pas à nous. Qui en effet, au temps de leur jeunesse, leur a fait contracter de mauvaises habitudes en orthographe latine ? les éditeurs d'alors, qui n'ont pas eu le courage de faire ce que nous faisons. Qui a farci leur mémoire de véritables barbarismes comme conciones, conditio, sylva, quum, littus, herus, humérus, humor, coena, foemina, caeteri ? les latinistes dénués de respect hu¬ main qui laissaient les typographes usurper leur rôle. Sup¬ posez notre réforme faite il y a cinquante ans, elle ne gêne¬ rait aujourd'hui personne, même ceux qui nous accusent de chercher à épater le bourgeois. Les jeunes gens d'aujourd'hui, que nos éditions mettent directement en face du latin réel, n'auront pas de déconvenues dans leurs vieux jours. Et les protestations parfois un peu aigres que nous recevons ne prou¬ vent en définitive qu'une chose, c'est combien il est regret¬ table que la réforme ait tant tardé.