Bulletin de la SOCIÉTÉ

PRÉHISTORIQUE

FRANÇAISE

1980 /TOME 77/10-12

Labri n° 3 de Cnincnon à Saumanes ( V aucluse)

par Claude Bouville, Sylvain Gagnière, Jacky Granier et Maurice Paccard

1. Situation

II s'agit d'un abri-sous-roche terminant, en fait, la longue banquette mollassique burdigalienne bordant la rive gauche du ruisseau Célestine. Cette banquette abrite le gisement préhistorique n° 1 bien connu pour sa séquence tardi-gravettienne et magdaléno- azilienne (Paccard, 1959, 1961, 1964, 1977) ainsi qu'un autre gisement, à 400 mètres en aval, sondé mais non fouillé et reconnu comme mésolithique : l'abri n° 2 (Gagnière, 1959).

En réalité, l'abri n° 3 situé à 15 mètres environ de l'abri n° 1, ne peut en être dissocié tant par le milieu encaissant auquel ils appartiennent que par leurs remplissages apparemment contemporains, en ce qui concerne la fraction du Pleistocene supérieur tout au moins, comme l'a montré un sondage poussé jusqu'au substratum rocheux dans les dépôts du n° 3 afin de tenter d'y retrouver une occupation humaine ; quant au n° 1, nous en avons exposé en détail la stratigraphie des couches profondes (Paccard et Dumas, 1977).

Altitude du site : 140 mètres.

Coordonnées Lambert (carte au 1/50 000, feuillet Carpentras) : x = 821, y = 185,4.

Orientation : Nord-Ouest à Sud-Est.

Roche encaissante : Mollasse tertiaire miocène burdigalienne dite Mollasse de Saumanes, riche en dents de squales.

Hauteur de la voûte par rapport au niveau du ruisseau : 10 mètres (fig. 1).

Le ruisseau la Célestine, permanent et issu d'une résurgence située à 2 km en amont, charrie une eau

fortement minéralisée et chargée en magnésie, peu propice à la vie , et la végétation.

Sa presence reste, néanmoins, à l'origine d'une ripisylve remarquable dans le vallon et ce d'autant plus que règne, au-dessus, la garrigue sèche et aride ; elle se trouve également liée aux remplissages de tous les abris en bordure du ruisseau, des abris 1 et 3 en particulier (fig. 2).

2. Origine du remplissage

Celui-ci fut étudié et publié par deux auteurs dont les interprétations divergent quelque peu, en ce qui concerne les dépôts du Wiirm IV : nous les avons largement exposées lors de la publication, en deux temps, de l'abri n° 1 ; nous n'y reviendrons donc pas (Bonifay, 1964 ; Brochier J.-E., 1977).

Un sondage effectué en 1977, 1978, puis 1979 par G. Onoratini dans les couches profondes de l'abri n° 3 (ainsi qu'en aval du n° 1) et dont nous ignorions le projet puis les résultats a, semble-t-il, atteint le substratum rocheux après avoir traversé un ensemble de dépôts jaunes, coupés d'éboulis tout à fait semblables à celui de l'abri n° 1, sur une épaisseur de 5 à 6 mètres ; cependant, le gros éboulis de base (couche 28) n'a pas été retrouvé ici, ce qui tendrait à prouver soit sa localisation, soit un pendage du sol rocheux vers l'aval.

C'est donc sur cet ensemble wurmien que s'appuie la séquence holocène dont il va être question. Toutefois, nous avons remarqué que la zone de contact entre les deux ensembles précités se trouve festonnée donc, sans doute ravinée au sommet des dépôts jaunes.

Lors de nos fouilles, nous avions atteint le sommet de ces dépôts et nous y étions arrêtés non sans avoir remarqué, à la limite des deux ensembles, une for-