Le fumulus d'Orgelet (Jura)

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R. JOFFROY et le Chanoine P. MOUTON *

Au mois de juillet 1900, P. Millotte, Directeur de la Circonscription Préhistorique de Besançon, profitant de notre séjour dans la région, nous demandait d'exécuter un sondage dans un tumulus exposé à une disparition prochaine, il s'agissait d'un très petit monticule, tertre funéraire présumé, situé dans un champ à quelques mètres du front d'une vaste «•arrière de graviers exploitée par les Ponts et Chaussées; l'attaque de ce front de carrière allait entraîner la destruction rapide du tertre.

Ce tumulus est sur la gauche de la route nationale 470 reliant Orgelet à Moirans, à environ 1 800 m à l'Est Sud-Est d'Orgelet; ses coordonnées sur la feuille au 1/20 000e Orgelet n° 7 sont 174-852,65.

Ce tumulus n'avait pas au premier abord un aspect encourageant. Il se présentait sous la forme d'une faible eminence gazonnée; à l'origine il devait être circulaire et mesurer environ 7 m de diamètre; sa hauteur actuelle au centre est de 0,55 m. Le tertre a été entamé sur un flanc par un vieux chemin qui a enlevé tout un segment Sud-Ouest; les matériaux déplacés et rejetés contre le flanc Nord-Ouest lui ont donné une forme sensiblement elliptique.

Nous avons ouvert une tranchée de sondage selon l'axe Sud-Ouest Ňord-Est, puis nous avons fait un décapage horizontal de toute la partie centrale du tumulus. En partant du sommet nous avons trouvé : terre végétale 0,10 m, lit de grosses pierres 0,15 m à 0,20 m d'épaisseur; ces pierres forment une véritable chape (Fig. 1, E) : dans la partie centrale elles sont arrondies, certaines dépassent 0,40 m X 0,30 m X 0,20 m; au Sud elles sont remplacées par des pierres plates délitées; en dessous sable jaune. Les bâtisseurs ont utilisé une petite butte naturelle en sable — grèze d'origine cryoclastique — qui recouvre elle même les graviers d'alluvions exploités dans la carrière et qu'ils se sont contentés de recouvrir d'une chape de grosses pierres (1). Le sol naturel est à cet endroit constitué par des sables et des graviers d'alluvions calcaires avec gros éléments roulés.

Le squelette, ou du moins ce qu'il en restait, était orienté Sud-Ouest Nord-Est, la tête au Sud-Ouest. Toute la pai tie supérieure du corps avait disparu, sans doute détruite lors de l'aménagement du chemin; seuls, les membres inférieurs étaient encore en place, bien que très fragmentés. Le squelette était sous la chape de pierres, certains éléments lithiques se trouvant sous lui.

Au voisinage de l'extrémité inférieure du fémur droit, la pointe reposant sur l'os, était une épingle en bronze (Fig. 1, F) placée obliquement par rapport au corps. Contre cette épingle nous avons recueilli une dent humaine (canine inférieure droite) ; une autre dent (incisive inférieure) a été trouvée à environ 0,70 m à gauche de la jambe gauche; ces dents de petite dimension appartenaient à un sujet féminin peu âgé. Un certain